La tuerie à Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts dont les dessinateurs Charb, Wolinski, Tignous et Honoré, les tragédies de porte de Vincennes et de Dammartin-en-Goële et la marche républicaine historique sont encore dans toutes les têtes. Avec sensibilité, humour ou encore profonde tristesse, un mois après les faits, plusieurs personnalités ont choisi de parler pour ne pas oublier.
Le médecin urgentiste Patrick Pelloux, très marqué par l'événement, étant lui-même chroniqueur dans le journal satirique, n'a pas omis de commémorer la mémoire de ses amis et de son "frère", Stéphane Charbonnier. 30 jours après les faits, ce dernier a rédigé un émouvant texte sur Twitter.
Hier soir, samedi 7 février 2015, c'était au tour de Nicolas Bedos de se manifester. Plus provoquant que larmoyant, comme à son habitude, sur le plateau d'On n'est pas couché (France 2), l'auteur-chroniqueur a dévoilé un sketch pro-athée et surtout anti-extrémismes. "On m'a dit que la France était le pays du 'je pense donc je suis' et je me retrouve dans le pays 'du je crois donc j'existe' (...) Je suis devenu un athée intégriste, je ne crois pas à vos délires et j'ai le droit de le dire. Je suis impie, tant pis !", a-t-il lâché en ouverture de son texte. Puis, il a continué, plus acerbe : "Tout ça pour moi n'existe pas, les animaux sur un bateau, 72 vierges au paradis, la nocivité d'une tranche de jambon ou d'une crevette rose, les crèches en plastique que l'on doit trouver jolies alors qu'elle foutent en l'air le décor du salon."
Si l'athéisme profond de Nicolas Bedos est donc le thème de son discours, ce dernier s'est adressé à ceux qui, selon lui, imposent leurs opinions religieuses : "Il m'arrive le soir d'allumer une bougie et je parle à Dieu mais c'est mon Dieu à moi. Il a la tête que je veux, celle de la chance et du travail, du sourire de ma copine... bref j'ai un Dieu dans mon cerveau, je n'en parle à personne et je ne l'impose jamais."
C'est en conclusion de son texte que Nicolas Bedos a clairement fait référence à la folie meurtrière de Charlie Hebdo : "Il y en a marre de vos histoires, vous vous flinguez pour rien à cause de vieux bouquins torchés à la plume d'oie par une bande de mythomanes. C'est pourquoi ce soir, du fond de mon athéisme, je tenais à vous le dire, vous avez beau squatter l'actu en essayant de nous foutre la trouille. Religieux en tous genres, vous commencez très sérieusement à nous casser les couilles !" Le message se veut plus sec que drôle mais au moins il est passé.
Si les rescapés du massacre du 7 janvier se font discrets, le journaliste d'investigation de Charlie Hebdo, Laurent Léger, a pour sa part accordé une interview à Metronews. Dans celle-ci, il confie qu'un mois après les faits, il est toujours hanté par cette journée dramatique. "J'ai commencé un travail avec un psychologue pour surmonter ce drame (...) Je me sens toujours en totale insécurité", ajoute-t-il.
Il n'y a pas que les journalistes présents sur les lieux du drame qui sont encore marqué par ce 7 janvier car c'est toute la profession qui a été touchée. Dans un témoignage accordé cette fois sur France 5 il y a quelques jours, Wendy Bouchard, laquelle a couvert en direct pendant 4 heures les événements sur Europe 1 ce jour-là, s'est montrée particulièrement émue sur le plateau de C à vous. Après avoir revu une émouvante vidéo des coulisses de son live où on la voit ressortir particulièrement chamboulée, la journaliste a eu du mal à commenter la séquence face à Anne-Sophie Lapix. D'une voix tremblante, elle a juste déclaré : "C'était dur, pardon... pour moi c'était le moment le plus traumatisant de ma jeune carrière."
Le dernier numéro de Charlie Hebdo a finalement été écoulé à près de 8 millions d'exemplaires et le nombre d'abonnés est de plus de 200 000. Un beau soutien pour le journal qui a bien l'intention de survivre. La prochaine parution est fixée au 25 février.
Sarah Rahimipour