Après une année éprouvante, Christiane Taubira a pris la direction de sa région natale, la Guyane. Un endroit où la Garde des Sceaux aime à se retrouver, à se ressourcer. Une nécessité pour celle qui a porté vent debout le projet du mariage pour tous et qui a dû faire face à une avalanche d'attaques racistes en fin d'année. Paris Match est parti à sa rencontre.
Au milieu des livres qui occupent la plupart des murs de la grande pièce à vivre de sa maison de Cayenne, Christiane Taubira, élue femme de l'année par le magazine Elle, se souvient avec émotion de sa maman Bertille, morte d'épuisement à l'âge de 49 ans quand elle n'en avait que 16. Une femme d'une force de caractère incroyable, d'une générosité unique et au parcours semé d'embûches et d'épreuves dont elle s'est toujours relevée pour élever, seule, ses onze enfants issus de différentes relations, dont cinq qu'elle aura avec le père de Christiane Taubira. Une femme "éblouissante", à la soif de culture impressionnante et qui se plongeait dans les livres après ses longues journées passées à travailler en tant qu'aide-soignante, à faire le tour du quartier pour aider les personnes âgées en difficulté où à contrôler les devoirs et les corvées des enfants...
D'émotions, il en est également question lorsqu'elle évoque son ex-mari, avec qui elle a connu une romance passionnée durant 20 belles années avant le coup de couteau dans le dos : en 1998, il se présente à sa place en tête de liste aux régionales, sans l'en informer... Christiane Taubira ne pouvait digérer la trahison et a donc divorcé. Pourtant, la ministre aime encore cet homme, Roland, père de ses quatre enfants. "Je souffre d'un chagrin d'amour. Je souffre aussi de remords. Je suis toujours amoureuse de mon mari. Sauf que, dans mon mental, il n'est pas concevable que je revive avec lui", confie Christiane Taubira à Paris Match, évoquant le regard de la société guyanaise sur le combat politique qu'elle a mené et sa personnalité qui, petit à petit, éclipsait sans qu'elle s'en rende compte le père de ses enfants, une homme "d'une très grande valeur" qui l'a "appelée au secours cinquante fois"...
Christiane Taubira peut cependant s'appuyer sur sa famille, ses frères et soeurs, ses enfants - Nolywé et Djamila, ses filles, Lamine et Diawara, ses garçons. Et celle qui occupe désormais le poste de ministre de la Justice, alors qu'elle s'était promis d'arrêter la politique après la campagne présidentielle de François Hollande pour monter une bibliothèque au toit de verre, ne compte pas s'arrêter en 2014, même si elle "ne comprend pas comment [s]on corps tient, tellement [elle] le brutalise". Et de penser à l'après-politique : "Hors la politique, je ferai autre chose. J'ai même le droit de ne plus rien faire. J'ai accumulé tous mes points de retraite."
Christiane Taubira, un portrait à retrouver dans le Paris Match en kiosques le 1er janvier 2014