La journaliste Christine Ockrent voit encore son statut discrédité... Libération nous informe que l'actuelle Directrice Générale de France 24 est au coeur d'une polémique dont elle se serait bien passée. En cause, une crise d'autorité et une remise en cause de l'influence son époux.
Libération, dans son édition du 30 août 2010, rapporte que Christine Ockrent a choisi de licencier le directeur adjoint de la rédaction, Albert Ripamonti. Jusque-là, rien de particulier si ce n'est qu'Ockrent a visiblement omis de consulter son supérieur, le PDG Alain de Pouzilhac... En désaccord avec la décision d'Ockrent, Pouzilhac choisit de réintégrer le malheureux Ripamonti et d'écarter le directeur de la rédaction Vincent Giret. Mise à pied ? Licenciement ? Aucune certitude au sujet de ce dernier, Libé se contentant d'annoncer que depuis le 26 août, Giret n'a pas remis les pieds dans les locaux de France 24.
Cet exemple de "guerre de pouvoir" n'est pas anecdotique à en croire les doléances des salariés, qui constatent, impuissants, que dans cette guerre ouverte menée par les têtes pensantes de France 24, les têtes des responsables ne cessent de tomber. Des exemples ? La DRH, le directeur de la technologie Jean-Yves Bonsergent ou encore le directeur du multimédia Stanislas Léridon.
L'imbroglio autour de cette conquête du pouvoir amène l'intersyndicale de France 24 à tenir aujourd'hui une assemblée générale. Libération évoque le potentiel vote d'une motion de défiance contre Ockrent. En clair, si cette motion est votée, cela signifie que l'assemblée manifeste un désaveu et une absence de confiance en l'exécutif (en l'occurrence, Christine Ockrent, qui est ciblée). Traditionnellement, l'issue logique d'une telle motion... est la démission de la personne considérée.
Christine Ockrent risque-t-elle d'être acculée au point de démissionner ? Pourquoi un tel désaveu ? Le poste de son mari n'y est évidemment pas pour rien.
En effet, depuis avril 2008, France 24, TV5 et RFI sont réunis dans une société holding, Société Audiovisuelle de l'Extérieur de la France (SAEF, ex-"France Monde"), qui s'occupe - comme son nom l'indique - de la communication vers l'extérieur et qui a pour but d'établir une stratégie commune aux trois médias pour s'assurer une visibilité mondiale. Si Alain de Pouzilhac en est le PDG et Christine Ockrent la DG, il faut préciser que cette société holding est sous l'autorité... du ministère des Affaires Etrangères. Et qui est le ministre de ce domaine ? Bernard Kouchner... le mari de Christine Ockrent !
A l'époque de la nomination d'Ockrent, Kouchner avait annoncé refuser de s'interposer dans la communication extérieure du pays pour éviter un quelconque conflit d'intérêt, préférant laisser ce rôle au secrétaire d'Etat, Alain Joyandet : "S'il y avait conflit d'intérêt, je serais le premier à le reconnaître, je ne me mêlerais pas du tout d'audiovisuel extérieur, j'en fais le serment", avait-il annoncé en 2008. Pourtant, la nomination d'Ockrent avait soulevé de nombreuses polémiques qui s'étaient ravivées en juillet dernier lorsqu'Alain Joyandet a démissionné, léguant ainsi le projet de la communication extérieure (et donc de cette société) à Kouchner. Si le budget dépend du ministère de la Culture et de la Communication, le Quai d'Orsay est nécessairement impliqué dans les orientations générales de la SAEF. Rien de tel pour que le couple controversé soit dans la ligne de mire...
Deux mois après la polémique, l'implication de Christine Ockrent dans cette guerre d'autorité semble légitimée par la cooptation. Mais les syndicats de journalistes ayant déjà pointé du doigt le risque de conflit d'intérêt pour Ockrent et Kouchner, la motion de défiance paraît inévitable...
Un plan B pour Ockrent, en cas de démission ?
Allyson Jouin-Claude