Remis d'une récente agression, voilà que Christophe Hondelatte doit de nouveau faire face à des attaques... Verbales, cette fois-ci ! En effet, celui qui fait habituellement entrer les accusés se retrouve désormais sur le siège de l'accusé ! Faites entrer l'accusé, émission qui cartonne en deuxième partie de soirée sur France 2, se retrouve dans le collimateur de Ban Public, une association qui se charge de la communication sur les prisons et l'incarcération. Aujourd'hui, le journal Libération consacre à cette affaire une de ses pages.
Le point de départ de cette accusation ? Il s'appelle Jean-Marc D. (nom modifié). Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, il a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Âgé d'une quarantaine d'années, Jean-Marc D. purge sa peine à Bapaume lorsque Christophe Hondelatte lui consacre un épisode de Faites entrer l'accusé en 2009. Le lendemain de la diffusion, ce dernier est alors victime de coups et d'insultes provenant de l'ensemble de ses co-détenus.
Car cette émission est l'une des plus regardées dans le milieu carcéral. Conscient de ce succès, Christian Gerin, producteur de l'émission, confie : "Je ne nie pas que ça soit un problème mais c'est à l'administration pénitentiaire de faire en sorte que la diffusion d'une émission ne puisse pas être préjudiciable à la sécurité d'un détenu".
En août de la même année, l'émission sur Jean-Marc D. est diffusée une nouvelle fois. Nouvelle diffusion, nouvelles craintes de la part de l'intéressé. Mais alors qu'il tente de la faire interdire, plaidant une influence indéniable sur sa récente demande d'aménagement de peine, sa requête est rejetée.
Pour l'association Ban Public, le magazine d'Hondelatte constitue une "peine de mort sociale" et se retrouve souvent à l'origine de nombreuses violences dans les prisons. Et les exemples ne manquent pas... En liberté conditionnelle, un employé de mairie s'est vu licencié peu de temps après que Faites entrer l'accusé avait dévoilé au grand jour son passé judiciaire.
Pour Stéphanie Djian de l'OIP (Observatoire International des Prisons, ndlr) : "La réinsertion n'est pas possible avec une telle étiquette rappelant des faits qui se sont passés il y a une dizaine d'années et les conséquences sont souvent lourdes pour les familles" !
Mais, Christian Gérin assure que l'émission fait tout pour préserver l'anonymat de ses sujets et justifie l'existence même de cette dernière : "Le droit à l'oubli n'existe pas (et si, ça existe NDLR), surtout à partir du moment où les faits ont été rendus publics" ! Il admet cependant "prendre toutes les garanties pour préserver l'anonymat des coupables en voie de réinsertion ou pour protéger leurs proches, quitte à annuler la diffusion". Effectivement c'est déjà arrivé, deux fois. Rappelons qu'en mars dernier, le CSA avait saisi France 2 pour un léger rappel à l'ordre au sujet de Faites entrer l'accusé évoquant la préservation des possibilités de réinsertion des personnes condamnées.
Alors que Christophe Hondelatte claque la porte après une onzième saison, afin de pouvoir se consacrer à la musique, à la radio - il anime On refait le monde sur RTL - et à la télé-réalité, Faites entrer l'accusé s'arrêtera-t-elle le jour du départ de son mentor ? Ou résistera-t-elle à ces diverses plaintes ?
Chloé Breen