Même les meilleurs scénaristes n'auraient pu imaginer la vie de Christophe Rocancourt. "L'escroc des stars" est aujourd'hui mêlé à deux affaires qui ont fait vaciller les fondations du prestigieux 36 quai des Orfèvres, le siège de la police judiciaire (PJ) parisienne. Pour la première fois depuis sa sortie de prison le 11 février, l'homme donne sa version de l'histoire.
"Je ne fais jamais dans la came"
Dans les colonnes du Parisien, dont il fait la une, Christophe Rocancourt revient sur les deux affaires qui secouent la PJ parisienne, le vol par l'un de ses membres de 52 kilos de cocaïne, affaire pour laquelle il est mis en examen pour "blanchiment de trafic de stupéfiants", et sa mise en examen pour, entre autres, "corruption et trafic d'influence", dans une affaire qui a provoqué la chute du numéro 1 de la police judiciaire, Bernard Petit.
C'est dans le cadre de cette dernière affaire, pour laquelle il a fait quatre mois de détention préventive, qu'il a rencontré Jonathan Guyot, soupçonné d'être l'auteur du vol des 52 kilos de cocaïne au siège même de la police judiciaire en juillet 2014. La justice le soupçonne d'avoir récupéré une grosse somme d'argent liée à ce vol. Ce que nie catégoriquement Christophe Rocancourt dans les colonnes du Parisien. Et pour cause : "J'ai un principe : je ne fais jamais dans la came. J'ai des enfants et je ne touche pas à ça", assure-t-il. Il avance son placement au quartier d'isolement, "où les marges de manoeuvre sont extrêmement limitées", pour expliquer qu'il n'a rien à voir avec cette histoire. "Si jamais on devait retenir quelque chose contre moi, mon rôle ne pourrait être que périphérique", ajoute-t-il. De quoi s'interroger "sur cet acharnement" dont il serait victime et pour lequel il "compte écrire à Christiane Taubira".
Une histoire de fleurs
Dans les faits, Christophe Rocancourt est soupçonné d'avoir organisé une rencontre entre l'un de ses proches, Yoss, et le frère de Jonathan Guyot pour récupérer une grosse somme d'argent. Lui assure qu'il n'a fait que demander à son ami Yoss d'envoyer des fleurs à l'épouse de Jonathan Guyot, rencontré au cours des rares promenades autorisées à l'isolement. "A-t-elle reçu ces fleurs ? Oui, explique-t-il au Parisien. Elle a même envoyé un SMS de remerciement qui le prouve. Dans cette histoire, je n'ai jamais parlé d'autre chose que de fleurs." Et lorsque le quotidien lui fait remarquer que Yoss aurait confié aux enquêteurs avoir récupéré l'argent et l'avoir dépensé à la demande de Christophe Rocancourt, celui-ci répond : "J'ai de l'amitié pour Yoss, il me rend visite en prison, et je ne le renie pas. Mais c'est un moulin à paroles. Moi, j'ai de nombreux amis dans plusieurs milieux et ils savent que je ne suis pas un parleur."
Quant à Jonathan Guyot, au coeur de cette affaire de vol ce cocaïne, l'escroc des stars n'est pas tendre. "Ce n'est ni un flic, ni un voyou, et il n'y a rien de pire, tacle-t-il. Moi, j'aime que les choses soient claires : un bon flic, c'est un bon flic, et un bon voyou, c'est un bon voyou (...) De mon point de vue de paysan normand, je dirais que c'est une pomme pourrie. Au départ, l'histoire du vol au 36, c'est un formidable scénario de film. Sauf que Guyot n'a pas la carrure pour le premier rôle. Et puis il n'a pas respecté une règle de base en impliquant sa femme (soupçonnée de subordination de témoin, ndlr)."
"Un ami naïf"
Reste l'autre affaire, pour laquelle il a donc fait quatre mois de détention préventive en octobre dernier et dans laquelle il est soupçonné de "blanchiment de fraude fiscale", "corruption active et passive", "trafic d'influence" et "exercice illégal de la profession de banquier". Il aurait bénéficié de l'aide de Christian Prouteau, ex-patron du GIGN, pour obtenir des titres de séjour. Ce dernier aurait par la suite reconnu en garde à vue avoir été prévenu de son interpellation, ce qui aurait conduit à la chute du numéro 1 de la PJ, Bernard Petit.
"Je ne peux pas m'exprimer sur le contenu de l'instruction, mais, dans cette histoire, je n'ai fait que prêter de l'argent", explique Christophe Rocancourt, qui n'hésite pas à tacler l'ex-patron du GIGN, pourtant "un ami" à qui il avait demandé si, "à titre gracieux, il pouvait se renseigner auprès du préfet". Et l'homme de donner quelques conseils à Christian Prouteau : "Je suis un peu triste de ce qui lui arrive, car il aurait dû savoir qu'il fallait faire attention avec les écoutes. Il n'a pas été très prudent, voire naïf (...) On est ici dans une histoire de règlement de comptes politiques qui ne fait que commencer."
Affaire à suivre donc...
Rappelons que Christophe Rocancourt et toutes les personnes mises en examen sont présumés innocents jusqu'à leur jugement définitif.
Christophe Rocancourt, à retrouver en interview dans Le Parisien du 15 février 2015