C'est un témoignage fort qu'elle a accepté de livrer. Dans La force des différents, de Sophie Cluzel, paru chez JC Lattès, Claude Chirac évoque avec robustesse et pudeur les derniers jours de son père Jacques. Victime d'un AVC, affaibli par une maladie qui s'en prenait à sa mémoire et son élocution, notre ancien président de la République a rendu les armes le 26 septembre 2019. Il avait bénéficié de la compagnie de sa fille jusqu'à son dernier souffle.
"Je pense que l'aidant familial a aussi une chance : c'est de vivre des moments de découverte, très intenses, qu'il n'aurait jamais, sans doute, partagé dans d'autres circonstances, explique Claude Chirac sur France Inter, le 12 janvier 2022. Je pense que c'est une façon de ressortir un peu plus grand que la personne que l'on était quand on est entré dans cette grande aventure." Et si ce rôle lui tient tant à coeur, c'est qu'elle l'occupe depuis longtemps, pour son père, mais aussi pour sa mère - dont elle est devenue une sorte de porte-parole -, mais aussi pour sa soeur aînée Laurence, qui a contracté une méningite virale entraînant une grave anorexie et est décédée en 2016.
Mon père a gardé, jusqu'au bout, sa dignité et son humour
Aujourd'hui, l'épouse de Frédéric Salat-Baroux continue à s'occuper de sa maman, Bernadette Chirac, qui ne souhaite guerre apparaître en public depuis la disparition de son époux. Quant à Jacques Chirac, Claude en a profité à sa manière sur la fin. "On a beaucoup ri jusqu'au bout. Ma chance aura été d'avoir un père qui aura gardé sa dignité et son humour, se souvient-elle. Plus la maladie progressait, plus mon père montrait l'homme qu'il était vraiment, comme s'il se débarrassait des couches superficielles. Il devenait ce qu'il était profondément, fondamentalement."
Mariée depuis 2011, maman d'un fils prénommé Martin - fruit de ses amours avec le judoka Thierry Rey -, Claude Chirac avoue avoir fait décidé de se tourner vers ses parents parce qu'elle avait la chance de pouvoir le faire. "Tout naturellement, j'ai fait le choix de les accompagner plutôt que de continuer ma vie et de trouver d'autres solutions parce qu'à un moment donné, j'ai considéré que leur fragilité, en quelque sorte, m'imposait ce choix, confiait-elle, déjà, à la fondation APRIL. Après, il faut pouvoir le faire, c'est à dire que bon... Moi j'ai un mari, j'ai un garçon, j'avais aussi une vie. Donc il faut pouvoir le faire, il y a des gens qui n'ont pas cette possibilité..."