Invité en Israël pour présenter son dernier film Un + Une (sorti en France en décembre dernier) au Festival du cinéma français à Tel Aviv, Claude Lelouch a accordé une interview à Éléonore Weil pour Paris/Jaffa. À cette occasion, il a offert une sortie étonnante à propos de l'acteur principal, Jean Dujardin.
Selon le prolifique cinéaste français, "Jean Dujardin symbolise un peu l'arrogance française, la prétention", arguant qu'il aurait même "pu appeler le film 'Le Dernier Macho'" tant Jean Dujardin représente un visage de la France d'aujourd'hui. Une réflexion en écho à ce que le réalisateur déclarait quelques secondes plus tôt sur l'évolution des relations hommes-femmes durant ces dernières décennies. "Pendant ces cinquante dernières années, les femmes ont pris le pouvoir dans le rapport amoureux, elles n'ont plus confiance et la méfiance s'est installée, l'attirance sexuelle est toujours là mais la confiance a disparu", croit savoir l'auteur de l'emblématique film Un homme et une femme. Et d'estimer : "Les couples éclatent car le mode d'emploi entre hommes et femmes a complètement changé, il va falloir que les hommes se réveillent pour rattraper le temps perdu."
Pour autant, cette déclaration à propos de Jean Dujardin n'a rien d'un tacle déguisé. "Ce que j'aime chez Jean, c'est effectivement l'esprit français d'aujourd'hui. Je veux dire que les stars ne sont pas innocentes. À chaque fois qu'il y a une star, elle est quelque part le miroir d'un pays. Les stars américaines, les stars françaises sont les miroirs de leur pays. Il y a eu la France de Gabin, il y a eu la France de Belmondo, il y a eu la France de Depardieu, maintenant il y a la France de Dujardin", assure le metteur en scène en plaçant finalement son acteur de 43 ans sur un piédestal, aux côtés des plus grands. Il va même plus loin en établissant un parallèle entre les stars et les hommes politiques. "Une star, ce n'est pas innocent, tout comme les présidents de la République, ce sont des représentants", assurant au passage que l'on "a les présidents qu'on mérite". Pas sûr que ce soit vraiment un compliment pour François Hollande, en revanche.
"Il faut une vie pour réussir un film. Ce n'est qu'avant la mort que l'on sait si on a fait une belle course ou pas. (...) Je commence à voir la ligne d'arrivée et je n'ai jamais eu autant envie de faire des films", a conclu Claude Lelouch (78 ans), un brin philosophe.