Après un passage dans l'émission Encore une chance, le chanteur Corneille s'est concentré sur la réédition de son sixième album Les Inséparables. Une seconde version accompagnée de bonus pour relancer l'opus. Doté de bons tubes comme Le jour après la fin du monde, Des pères, des hommes et des frères, en duo avec La Fouine, ou encore Le Meilleur du monde, l'album ne s'est écoulé qu'à 70 000 exemplaires. La faute à la crise et au téléchargement illégal... Les temps changent. Elle est loin l'époque du succès, où Corneille profitait pleinement des ventes de son premier album Parce qu'on vient de loin. C'était en 2002.
Le Québecois se confie au magazine Platine sur son dernier album (la première version est sortie le 24 octobre 2011) et sur sa traversée du désert de cinq ans, agrémentée d'un burn out...
Se défendant de partager les mêmes valeurs que le rappeur La Fouine, avec qui il chante en duo sur cet opus, tout comme les rappeurs Soprano et Youssoupha d'ailleurs, Corneille explique son choix d'avoir intégré du rap à ses mélodies : "Si je me suis donné le droit de mettre du rap dans mes chansons, c'est parce que c'est quelque chose qui s'inscrit parfaitement dans les codes de la musique que j'aime et que je n'avais pas fait jusqu'ici, parce que je me construisais encore."
Les mauvaises ventes de son album, le jeune chanteur de 34 ans, s'en justifie ainsi : "Disque d'or, pour moi, c'est très, très bien. Pour le premier album, j'en étais au même point trois mois après la sortie. Mais aujourd'hui, pour faire triple platine ou diamant, comme j'ai pu le faire dans un autre temps, ça n'existe presque plus... Hormis Nolwenn avec son album breton... ou Adèle, ça arrive une fois tous les trente ans... C'est un truc inexplicable."
Au Bataclan en février, Corneille sera à l'Olympia en novembre prochain.
Il confie que sa femme Sophia et leur fils Merrik, bientôt 2 ans, le suivent dans ses déplacements, lui qui vit entre Montréal et Paris : "Maintenant, chaque fois que je viens en France, c'est pour des périodes d'un mois ou deux. Faire des allers-retours sans cesse avec notre petit ne serait pas possible. Ma femme a interrompu sa carrière de chanteuse (un album à son actif, Bliss). Je crois qu'elle trouve un vrai plaisir à écrire avec moi. Pour moi et pour d'autres artistes. Elle adore le chant et porter ses chansons, mais elle a aussi une vraie passion pour l'écriture. Elle a ça dans le sang." Et sa relation avec son fils est primordiale : "Je prends le temps. C'est très important. C'est pour lui que j'ai recadré les choses par rapport à ma carrière. J'ai besoin de lui et il a besoin de moi."
Enfin c'est le burn out qui a suivi son succès qu'il évoque le plus longuement. "J'étais seul et paumé", déclare-t-il. Suractivité, problèmes avec son manager qui l'ont beaucoup sollicité, Corneille n'avait pas résisté à la pression : "C'était plus psychologique. Après des débuts normaux - où j'ai trouvé mon public avec des singles comme Avec classe, Ensemble... -, il y a eu Parce qu'on vient de loin, et je suis passé dans une autre catégorie... Ça, ça a été un choc psychologique pour quelqu'un qui n'avait pas encore eu le temps de faire la paix avec son histoire, le Rwanda... Je suis passé d'une phase de reconstruction - j'essayais de me refaire une vie au Canada, j'allais à l'université et je faisais de la musique - à une phase de rencontre avec un moi que je n'avais jamais pris la peine de regarder. Quand des milliers de gens ont commencé, en concert, à chanter tous mes textes par coeur et à m'envoyer autant d'amour, ça m'a réconforté, mais ça m'a également mis mal à l'aise, car ça m'a ramené à un manque que j'avais. Je n'ai jamais apprécié le succès que j'ai eu parce qu'il me manquait énormément de choses, tout en étant dans le déni. Ma famille me manquait."
Pour finir, il raconte que sa femme ne faisait pas encore partie de sa vie à cette époque et qu'il regrette de ne pas avoir fait de psychothérapie. "J'étais seul et paumé."
Aujourd'hui tout va pour le mieux, Corneille est de retour avec son album Les Inséparables et sa vie de père...