Le 14 janvier 1986, Daniel Balavoine fait partie des cinq victimes du crash d'hélicoptère au Mali, alors qu'il remplissait la mission humanitaire "Paris a du coeur", en marge de la huitième édition du Paris-Dakar. Plus de trente ans après, l'aura de l'artiste décédé à 33 ans est toujours puissante et France 3 a rediffusé le 17 mars un émouvant documentaire qui revient sur le parcours de l'interprète de Je ne suis pas un héros. Un film qui met la lumière sur l'une des deux enfants qu'il a eus (il a été papa d'abord de Jérémie, producteur de spectacles aujourd'hui) : sa fille Joana, âgée de 30 ans, qui n'a pas connu son père puisque sa mère a accouché 6 mois après son décès.
Elle a presque l'âge qu'avait son père lorsqu'il a disparu et ses traits rappellent inéluctablement ceux de son père. Joana Balavoine porte en elle l'héritage immense de son père Daniel. Pour le documentaire J'me présente, je m'appelle Daniel, la jeune femme avait accepté de prendre la parole. Pudeur et émotion sont au rendez-vous avec sa fille née de l'histoire d'amour entre le chanteur et Corinne Barcessat.
"Le fait de comprendre que l'on a pas de papa, c'est difficile, mais de l'avoir lui, ne nous mentons pas, c'est une chance. Quand on est gamin, on entend tellement 'il était génial'... Au début, je l'ai beaucoup rejeté. Ça a été dur. On me parlait de quelqu'un que je ne connaissais pas. Il y a un paradoxe entre sa présence, musicale, médiatique, et son absence. Je suis tout le temps dans sa découverte. En le cherchant lui, je me cherche finalement moi. Le père je ne le découvrirais jamais raiment. Ce n'es pas quelque chose que je peux découvrir à travers les autres. Ce n'est pas le père mais l'homme que je suis partie découvrir."
Quand on lui demande la chanson qui représente le mieux son père, Joana Balavoine citera Sauvez l'amour : "C'est un bon condensé de ce qu'il disait, ce qu'il pensait. C'est peut-être ce que les gens ont perçu." Elle l'avait d'ailleurs chantée au côté de Marc Lavoine au Casino de Paris en 2011.
Lorsque Joana Balavoine doit choisir la première chanson qu'elle a vraiment aimée, elle citera Aimer est plus fort que d'être aimé : "J'étais petite. Quand on est enfant, ce n'est pas de la naïveté, mais on va à l'essentiel. Cette chanson m'a frappée au coeur." Il s'agit du dernier extrait de l'album, paru en 45 tours à titre posthume.
De son père, dont l'engagement sur les questions politiques et sociales a marqué les esprits, Joana a hérité d'un franc-parler doux et intelligent. Il s'exprime lorsqu'elle clôt le documentaire en expliquant ce qu'elle souhaiterait à présent : "Je suis là pour lui dire merci. Tout ce que vous recevez tous de lui, c'est ce que je reçois. Je n'ai pas eu le père, j'ai eu l'homme que j'ai dû partager, que je dois partager tous les jours. Il est enterré à Biarritz et à chaque fois, il y a toujours quelqu'un, des fleurs. On se dit qu'on aimerait bien être seule et en même temps... Ça a été dur de se mettre 'droit'. Je voudrais dire merci, mais j'ai aussi envie de passer à ma vie, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie." Face à l'absence du père, elle a toujours pu compter sa maman, la très discrète Corinne, grand amour de son papa, et de son grand frère Jérémie, le "premier homme de sa vie".