Danielle Mitterrand, veuve de François Mitterrand décédée dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 87 ans, sera être enterrée samedi à Cluny, en Saône-et-Loire.
Danielle Mitterrand n'a jamais hésité à prendre publiquement la parole pour défendre ses opinions, devenant ainsi la toute première dame de France à jouer un véritable rôle politique. Très ancrée à gauche, elle a mené un combat contre l'injustice et l'inégalité sociale, notamment via sa fondation France-Libertés créée en 1986, dans le but de répondre aux appels des opprimés en lançant des campagnes d'information et en finançant des actions sur le terrain, en collaboration avec les populations locales.
Engagée dans la Résistance à l'âge de 17 ans, Danielle Mitterrand a passé sa vie à se battre pour défendre ses convictions. Lorsqu'elle entrait à l'Élysée en 1981, elle prévenait qu'elle ne serait jamais une potiche : cette détermination fera d'elle une figure majeure de la scène politique française, au risque de déplaire à certains. Elle défend la cause kurde, tibétaine et amérindienne, et va même jusqu'à attaquer le Premier ministre de la cohabitation Jacques Chirac et, plus tard, la politique d'immigration de Charles Pasqua. Lorsque plusieurs députés se lèvent pour signifier qu'elle dépasse son rôle de la première dame, Danielle Mitterrand fait face et persiste. En mai 1995, elle embrasse son ami Fidel Castro et provoque de nombreux remous médiatiques.
Lors de l'enterrement de François Mitterrand le 11 janvier 1996, Danielle Mitterrand demande à ce qu'Anne Pingeot, la compagne "cachée" du Président avec laquelle il a eu une fille, Mazarine, soit présente à ses côtés.
Après la mort de François Mitterrand, elle continue à mener son combat contre les inégalités sociales. En 2005, elle s'oppose au projet de constitution européenne et lors des élections présidentielles de 2007, elle soutient ouvertement Ségolène Royal. La même année, elle publie une autobiographie, Le livre de ma mémoire.
Sa disparition marque naturellement tout le paysage politique. Nicolas Sarkozy a notamment salué la mémoire d'une femme déterminée à "faire entendre la voix de ceux que personne ne voulait entendre". Martine Aubry, première secrétaire du PS, a déclaré que : "Danielle Mitterrand avait la force, la noblesse et la générosité des êtres que l'on pensait éternels," tandis que Ségolène Royal ajoute que Danielle Mitterrand était "au-dessus des partis politiques (...) et un exemple pour les femmes".
Marraine de France-Libertés, l'actrice et réalisatrice Mélanie Laurent a également confié sa peine : "Je suis infiniment triste de ne plus la voir, de ne plus entendre sa voix, d'être privée de sa sagesse. C'était une femme libre et un modèle pour nous toutes. J'ai trouvé chez elle cette force de caractère, cette détermination à faire partager et défendre les plus nobles aspirations humaines."
Au-delà de son rôle de première dame de France engagée, Danielle Mitterrand était une femme de caractère déterminée qui a inspiré de nombreuses générations de femmes.