Le spectacle Frères du Bled, de Christophe Botti, mis en scène par Thierry Harcourt joue cette semaine ses dernières représentations parisiennes. L'occasion pour Purepeople.com de vous donner envie, Pure Internautes, de vous installer dans les fauteuils rouges du Vingtième Théâtre, et de vous laisser emporter par cette pièce épatante au message fort.
Un 2 novembre, jour de la commémoration des défunts, dans une petite ville de campagne française, Marcelle (Gabrielle Lazure), femme aux traits durs et à l'âme meurtrie, réunit comme chaque année ses trois enfants afin de célébrer leur père, Maurice (Manuel Blanc), figure masculine énigmatique partie trop tôt. Les jumeaux Jasmine (Déborah Grall) et François (Robin Causse) se chamaillent, comme depuis tout petits. Djalil (Isaame Chayle), le troisième, n'est pas de la partie... Jusqu'à ce qu'il arrive avec des secrets de famille plein les poches, notamment le journal intime de leur père, qu'il est retourné chercher en Algérie, où ils sont tous trois nés.
S'en suit alors une cascade de souvenirs, tantôt tendres, tantôt insupportables, qui reforment le puzzle de leur véritable existence, bien masquée jusqu'alors par une mère abîmée par son passé. Les doutes fusent, les rancoeurs aussi, mais la vérité apaise et rassemble ce quatuor instable ayant toujours vécu dans le non-dit.
Naviguant dans une scénographie épurée mais pertinemment imaginée - la compréhension des flash-back malgré le changement d'acteur pour jouer un même personnage est très lisible -, les comédiens entraînent le public avec eux dans cette histoire d'une tribu pas comme les autres, égratignée par la guerre d'Algérie. S'ils sont tous d'une délicieuse justesse, la petite-fille de Philippe Noiret - vue dans Gainsbourg (vie héroïque) ou dans la série Maison Close de Canal + - se démarque par son aisance et sa prestance à couper le souffle. Isaame Chayle, peu connu du grand public, captive l'attention à chacune de ses répliques. Il est, à coup sûr, un talent à suivre de près.
Frères du Bled : un moment savoureux.
Laureline Reygner