
"Il y est resté deux ans dans les années 1990. C’est l’un des plus violents, selon les témoignages." Tels sont les mots d’une source qui s'est confiée à La Tribune du Dimanche, revenant sur le cas de Philippe Vedovini. Le grand-père du petit Émile, disparu le 8 juillet 2023 dans la commune du Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, fait l’objet de toutes les spéculations.
Alors que sa famille est brisée suite à la mort du petit garçon, son passé en tant que "Frère Philippe" à l’institut Sainte-Croix de Riaumont (Pas-de-Calais), de 1991 à 1994, n'en finit pas de ressurgir. Bruno, ancien enfant scolarisé dans l’institution créée en 1960 par le père Albert Revet, a témoigné dans La Provence, des coups reçus de Philippe Vedovini. Des méthodes éducatives qui questionnent et poussent aujourd’hui certains à sortir du silence.
Une source de La Tribune du Dimanche a livré un témoignage glaçant, affirmant que Philippe Vedovini est accusé de viol. "C’est l’un des plus violents, selon les témoignages. Il est accusé de viol par un ancien élève, qui a déposé plainte en 2013 contre deux moines et deux laïcs. Vedovini a été placé sous le statut de témoin assisté dans la procédure [et demeure présumé innocent]."

Souvent tabous, ces crimes sexuels sont encore trop fréquemment passés sous silence. Une affaire qui rappelle celle de Bétharram. "Les enfants étaient mal nourris et rachitiques. Ils allaient à l’école communale et à la piscine. Les agents municipaux voyaient les traces de coups sur leurs corps", a ajouté la source citée par nos confrères.
Le journaliste Ixchel Delaporte a enquêté durant plusieurs années sur la communauté religieuse de l'Institut Sainte-Croix de Riaumont. Interrogé par la Tribune, il rappelle les faits de violences, humiliations, travaux forcés et attouchements qui ont été révélés jusqu’en 2019. Des sévices qui auraient été facilités par l’inaction des autorités, comme l’ont souligné les corapporteurs de la commission d’enquête parlementaire vendredi dernier.
La Provence a pu, de son côté, s’entretenir avec un Marseillais ayant côtoyé Philippe Vedovini et connaissant bien l’institut religieux où il a exercé. Son témoignage se veut plus mesuré. "Il s’est plié aux méthodes préconisées par le fondateur de cet institut. Mais il n’est pas un tortionnaire par essence."

Selon lui, l’institut Sainte-Croix de Riaumont est un "centre de redressement pour jeunes gens difficiles basé sur le scoutisme catholique traditionnel". "ll y a eu forcément des cas difficiles et, d’ailleurs, Philippe Vedovini lui-même a reconnu avoir sévi."
Philippe Vedovini a été relâché sans aucune charge près de 48 heures après sa garde à vue du 25 mars dernier, dans le cadre de l’enquête sur la mort de son petit-fils de 2 ans au Haut-Vernet.
L’enquête sur l’affaire du petit Émile se poursuit.