"Un nouveau chapitre de notre vie", ainsi Dylan, le fils unique de Didier Deschamps, âgé de 22 ans, annonçait-il en mai dernier ses fiançailles avec sa compagne Mathilde Cappelaere. Un événement qui ne doit pas rajeunir son père, le sélectionneur des Bleus qui fête ce 15 octobre ses 56 ans et à qui cette réjouissante nouvelle a dû rappeler un autre chapitre du livre de son histoire. En l'occurrence, son propre mariage.
C'était en 1989. Deschamps évoluait alors à Nantes, son club de formation. C'est là que quatre ans plus tôt, alors qu'il n'avait que 17 ans, il a rencontré celle qui allait devenir sa femme. Claude, c'est son prénom, suivait alors des études pour devenir orthophoniste. "Elle m'a connu à un moment où j'étais un peu dans une période amusements", se remémorait l'ancien joueur dans le documentaire Didier face à Deschamps, "J'avais l'opportunité de gagner, déjà à l'époque, un petit peu d'argent et de pouvoir en profiter. Chose que je n'ai pas faite les années avant. Le fait que je la rencontre, et qu'on puisse vivre ensemble, au quotidien, eh bien oui, ça a été stabilisateur. Ça a forcément calmé mes ardeurs festives. Et elle m'a remis dans le droit chemin". Un chemin qu'ils n'ont eu de cesse, depuis lors, de parcourir ensemble.
Pour pouvoir vivre son histoire d'amour avec le footballeur professionnel, Claude va interrompre ses études et suivre Didier au gré des clubs où il va jouer. Après Nantes, ce sera Marseille, puis Turin, Londres et enfin Valence. "On s'est connus très tôt, on a construit notre vie, elle m'a accompagné tout au long de ma carrière. Dans ma première vie, de joueur, et puis d'entraîneur et de sélectionneur, dans l'ombre, mais avec une place évidemment très importante", confiait Didier Deschamps au micro de Mohamed Bouhafsi, sur RTL, le 9 juillet 2023.
Mais au milieu de cette vie de nomades, le couple va trouver un point d'ancrage dans un petit coin reculé de France. Si Didier Deschamps est né dans le sud-ouest de la France, comme son complice Lizarazu, sa femme, elle, est originaire du sud-ouest... de la Bretagne. Une région dans laquelle le couple va régulièrement poser ses valises. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Dylan, leur fils, a vu le jour dans un hôpital de Quimper.
Concarneau, au sud du Finistère. Cette jolie ville de 20 000 habitants qui abrite un port de plaisance est nichée sur les rives d'une profonde baie, protégées des assauts de l'océan. C'est là que Claude a vu le jour en 1966. C'est aussi là qu'elle a grandi et que réside encore les siens. Cadette d'une famille de quatre enfants, l'épouse de Didier Deschamps avait déjà un pied dans le foot à sa naissance. René Galloudec, son père, est un ancien joueur et ancien entraîneur de Lanriec, un club local. Son grand oncle est aussi un nom célèbre du ballon rond : Joël Quiniou, un arbitre international.
Depuis des années, nous expliquait le quotidien Ouest France dans un long reportage publié en juin 2021, la famille de Claude possède une maison à Concarneau. Cette propriété est située dans un des quartiers prisés de la petite citée bretonne, celui des Sables Blancs, sur la route que tous les Concarnois connaissent comme celle de la Corniche où Didier va régulièrement faire ses footings, entre deux parties de paddle. Un peu au nord de la commune, à l'orée des bois et des premiers champs, elle longe le rivage. C'est là qu'est bâtie la demeure familiale.
La maison, qui n'a rien de tape à l'oeil, fait face au large. En se postant devant la façade, la vue embrasse un panorama époustouflant. Au pied de la demeure, s'étend sur trois petites centaines de mètres la plage des Cornouailles. Au loin, sur la droite, de l'autre côté de la baie, se dressent les falaises blanches de la commune de Fouesnant. En regardant un peu plus à l'ouest, l'oeil est attiré par un phare, posé sur un minuscule îlot, celui du Mouton. Enfin en regardant vers le large, apparaît le célèbre archipel des Glénans, connu pour son école de voile, mais aussi pour le bleu turquoise de ses eaux.
Ce petit paradis de Concarneau, Didier Deschamps et sa femme ont l'habitude de le retrouver pour les fêtes de Noël, nous explique Ouest France, mais le couple s'y rend aussi régulièrement en été, durant les grandes vacances. Dans cette Bretagne loin de son pays basque natal, Didier Deschamps, qui a vécu un terrible drame familial, a trouvé ses repères et a été adopté. Simple, authentique, proche, discret, les Concarnois qu'ont rencontré nos confrères ne tarissent pas d'éloges sur le sélectionneur. Jacques Piriou, l'un de ses amis et voisins, président du club de la ville l'encense : "Didier se fond dans le décor malgré son aura. Il passe partout et n'a pas changé d'un iota depuis qu'on le voit ici. Il est droit dans ses bottes. Il va aussi bien discuter avec l'ouvrier du port que le chef d'entreprise du coin."
"Pour les gens d'ici, je ne suis pas le sélectionneur de l'équipe de France, je suis Didier", avait résumé l'intéressé, juste avant de se faire refaire les dents, en 2017 lors d'une rencontre avec des lecteurs du quotidien local. Un résident comme les autres, qui a ses petites habitudes. Celle d'aller acheter L'Équipe au Grand Bleu, un bistrot à côté de chez lui, de faire le marché de la ville, d'aller manger un morceau dans les restos du coin, de boire une mousse sur le coin d'un zinc ou de flâner dans les librairies ou les galeries de peinture. Comme un anonyme parmi les Concarnois qui ne se hasarde cependant pas à arpenter les rues de la Ville close, le lieu le plus touristique de la ville, où les badauds l'interpellent un peu trop souvent.
En juin 2016, cette vie tranquille a pourtant été troublée. Des individus sont allés inscrire sur le mur de sa maison ce mot infamant : "raciste". À l'époque, certains avaient accusé Deschamps de ne pas avoir retenu Karim Benzema et Hatem Ben Arfa pour l'Euro en raison de leurs origines nord-africaines. Marca, un quotidien espagnol avait estimé que le sélectionneur "a cédé à la pression d'une partie raciste de la France". "Ça, je ne pourrai jamais l'oublier", avait affirmé après coup Deschamps sur BFM. "On franchit la ligne blanche. [...] C'est violent, forcément, c'est inacceptable."
Pas de quoi dissuader cependant l'ancien international d'y poser encore ses valises. Il a de toute façon un autre pied-à-terre, quand il veut prendre le large : une magnifique maison au Cap d'Ail, sur la Côte d'Azur... Une propriété estimée à 3 millions d'euros, mais le sélectionneur a les moyens, lui dont le salaire est astronomique... D'une mer à l'autre. D'un rêve à l'autre.