Dominique Farrugia est un homme en colère. Figure de l'humour avec sa formation culte des Nuls, l'acteur, réalisateur et producteur a fait part de son mécontentement sur Twitter. En cause : le Parlement a définitivement ratifié ce mardi 21 juillet l'ordonnance prévoyant de nouveaux délais pour la mise en accessibilité des lieux publics aux personnes atteintes de handicap. Atteint de sclérose en plaques, une maladie progressivement handicapante qui lui a été diagnostiquée à l'âge de 30 ans, il fait partie des nombreuses personnes qui voit dans cette décision un recul des améliorations de conditions de vie des personnes à mobilité réduite.
L'ordonnance du 26 septembre 2014 est la conséquence du fait que l'échéance du 1er janvier 2015, fixée par la loi handicap de 2005 en matière d'accessibilité des établissements recevant du public, des bâtiments d'habitation et des services de transport public de voyageurs, n'a pas pu être tenue "du fait du retard accumulé". À la Haute Assemblée, la droite (Républicains et centristes), les socialistes et le RDSE (à majorité PRG) ont voté pour tandis que les écologistes se sont abstenus et que les communistes ont voté contre. Un coup dur pour l'artiste, déjà mis à l'épreuve récemment avec le décès de son père.
À plusieurs reprises, le réalisateur de BIS s'était confié en interview sur son état de santé, avec pudeur et sincérité. Ainsi, interrogé par Le Monde en 2014, il se confiait sur le risque d'être coupé de la société en raison de la sclérose en plaques qui invalide progressivement : "J'avais 30 ans lorsqu'un diagnostic de sclérose en plaques m'a été annoncé. J'en ai aujourd'hui 51. J'ai d'abord tenté de garder ma maladie cachée : j'avais peur de perdre mon emploi. J'ai eu la chance de ne jamais arrêter de travailler. Mais la désocialisation est un vrai problème pour la plupart des patients, atteints en pleine jeunesse. (...) Si l'on n'est pas entouré, on peut vite perdre pied. Et, si votre médecin ne vous donne pas un petit espoir, c'est très dur." Il s'insurgeait contre les manques en France pour les handicapés : "Rien n'est fait pour les personnes handicapées. À Paris, une seule ligne de métro est équipée d'un ascenseur, les trottoirs ne sont pas adaptés..."
Papa de deux petites filles (4 et 7 ans) nées de son mariage avec Isabelle, il regrettait ne plus pouvoir jouer avec ses enfants comme tous les papas : "Nous avons trouvé d'autres moyens de partager de jolis moments..."