Edouard Louis assigné en justice par son violeur présumé
Publié le 10 mars 2016 à 22:44
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Dans son second roman, "Histoire de la violence", l'écrivain raconte avoir été agressé par un jeune homme qu'il a nommé Reda. Nos confrères de L'Obs révèlent aujourd'hui une enquête indiquant que son agresseur présumé, actuellement en prison pour une autre affaire, l'attaque pour atteinte à la présomption d'innocence.
Edouard Louis dans l'émission Entrée Libre sur France 5 Edouard Louis dans l'émission Entrée Libre sur France 5© Youtube
Edouard Louis dans l'émission La Grande Librairie sur France 5
Edouard Louis interviewé sur France Culture
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Révélé en 2014 grâce à son premier roman intitulé En finir avec Eddy Bellegueule, l'écrivain Edouard Louis se fait attaquer en justice par l'un des personnages de son nouveau roman, Histoire de la violence. Présenté comme un personnage clé de ce nouvel opus, l'agresseur présumé porte plainte depuis sa détention et attaque en référé Edouard Louis et son éditeur pour "atteinte à la présomption d'innocence" et "atteinte à la vie privée". Il réclame l'insertion d'un encart dans chaque exemplaire du livre ainsi que 50 000 euros de dommages et intérêts.

Retour sur les faits

Une autofiction qui fait couler beaucoup d'encre...

L'histoire commence le 7 janvier dernier, lors de la sortie du livre Histoire de la violence. Dans ce nouvel ouvrage édité au Seuil et encensé par une partie de la critique, Edouard Louis raconte comment, le soir de Noël 2012, il se fait aborder place de la République à Paris par un jeune homosexuel qu'il ramène chez lui. Après avoir eu avec lui des relations librement consenties, l'écrivain relate une épopée cauchemardesque qui a viré à l'agression et au viol.

Il résume ainsi : "Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, étranglé, violé. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé."

Le violeur présumé, identifié sous le prénom "Reda" dans la publication, lui aurait posé un pistolet sur la tempe, l'aurait frappé et violé, avant de s'enfuir en emportant des objets appartenant à l'écrivain.

L'enquête

Edouard Louis ayant porté plainte, un mandat de recherche avait été lancé en 2013 contre son agresseur présumé, introuvable jusqu'alors. Quatre jours après la sortie d'Histoire de la violence, "Reda" est arrêté pour une "affaire de stupéfiants", souligne L'Obs. La justice aurait établi que ses empreintes ADN correspondaient avec celles qui avaient été prélevées par la police chez l'écrivain...

Sollicité par l'hebdomadaire, qui a révélé l'enquête le mercredi 6 mars 2016, l'avocat d'Edouard Louis, maître Pierrat, réfute toute faute de son client : "Reda est l'un des dix prénoms les plus donnés dans le monde maghrébin pour les garçons de cette génération ! Louis délivre dans son ouvrage les mêmes éléments que ceux qu'il a donnés aux policiers. Aujourd'hui encore, personne ne sait qui est Reda : dans les documents judiciaires qui nous ont été transmis, il est présenté sous trois identités différentes."

Nos confrères de L'Obs ont pu rencontrer le "petit ami de Reda", qui affirme que ce dernier a bien eu des relations sexuelles avec Edouard Louis mais nie toute agression ou possession d'une quelconque arme à feu. " Il avait complètement oublié cette histoire, jusqu'à ce qu'on lui présente des photos de l'écrivain, dit-il. Il reconnaît avoir passé la nuit avec lui, mais il ne l'a jamais violé et n'a jamais eu d'arme en sa possession. De sa vie, il n'a jamais été mis en cause pour une histoire sexuelle."

Alors, une oeuvre littéraire peut-elle constituer une pièce à conviction dans une affaire pénale ? Malgré les dénégations de Reda, le parquet requiert sa mise en détention provisoire. Ce sera donc à la justice, et plus particulièrement à la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, de déterminer le 18 mars prochain le rôle de ce livre dans l'identification éventuelle de l'agresseur présumé.

L'autofiction est décidément un genre littéraire dangereux ! Affaire à suivre...

Stéphanie Laskar

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Livre Prison Justice Procès
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