L'affaire a éclaté au printemps 2021. Dans son documentaire baptisé Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste, Marie Portolano dénonçait le sexisme dans le milieu du journalisme sportif. C'est alors que l'animatrice pointait du doigt le comportement problématique de Pierre Ménès. Plus encore, elle révélait avoir été victime d'une agression sexuelle de sa part : l'ancien consultant de Canal+, aurait soulevé sa jupe avant de lui toucher les fesses. Des faits qui se seraient déroulés sur le plateau même du Canal Football Club, où ils officiaient tous les deux. Trois ans après ces révélations, la charmante blonde raconte le tout dans un livre. Et c'est là que l'affaire prend un nouveau tournant.
Comme le révèlent nos confrères du Parisien, Pierre Ménès porte plainte pour diffamation. Non pas en suite du documentaire de 2021 mais plutôt pour les écrits de son livre, Je suis la femme du plateau (éditions Stock), publié en mars dernier. Elle y évoque les violences sexuelles subies tout au long de sa carrière. Le nom de Pierre Ménès n'est jamais cité mais le personnage reste facilement identifiable. C'est ce qui a déclenché le geste de ce dernier. Toujours d'après le quotidien, celui qui a perdu beaucoup de poids à cause d'un trouble silencieux a porté plainte le 11 juin dernier à Paris avec constitution de partie civile pour diffamation publique, à l'encontre de Marie Portolano mais aussi de son éditeur. Le doyen des juges d'instruction a jugé cette plainte recevable. Pierre Ménès a alors déposé le 21 octobre dernier une consignation de partie civile en vue de l'ouverture d'une information judiciaire. La situation pèse sur le journaliste sportif, qui avait alors quitté Canal+ à l'été 2021, après le scandale. "J'ai tout perdu avec cette histoire", assure-t-il, toujours au Parisien. Et d'en dire plus sur le tournant qu'a pris sa carrière depuis : "Ca fait trois ans que mon téléphone ne sonne plus. J'y ai laissé mon honneur, mon travail, ma santé. Je ne vois pas ce que Marie Portolano veut de plus. Il faut qu'elle me laisse tranquille maintenant. Je suis fatigué de tout ça."
Ce sont précisément deux passages du livre qui ont déclenché la plainte. Le premier indique que le journaliste jouissait de la réputation d'avoir "un droit de cuissage". "Outre l'humiliation, il se permettait de faire ce que bon lui semblait aux femmes qui l'entouraient. De toucher qui il voulait où il voulait, avec le consentement non des personnes concernées évidemment, mais de celles qui auraient tout à fait pu l'arrêter, ses supérieurs hiérarchiques par exemple, toujours témoins de ces agissements", peut-on lire dans l'ouvrage. Me Nicolas Rebbot, l'avocat de Pierre Ménès, conteste : "Mon client a pu avoir des comportements de beauf, de grande gueule, qui ne sont plus possibles de nos jours, et c'est heureux. Mais je ne pense pas qu'il a dépassé les bornes au point d'être qualifié de prédateur." Il dénonce par ailleurs des "propos inacceptables et gravement diffamatoires". L'autre passage concerné, c'est lorsque la mère de famille raconte l'agression sexuelle subie en 2016. "Il avoue qu'il l'a fait", écrit-elle. De son côté, Pierre Ménès nie formellement : "Je n'ai pas pu lui dire que je l'avais fait, puisque je ne m'en souviens pas. Pas un seul témoignage ne corrobore sa version."
Rappelons par ailleurs que si Marie Portolano n'a pas porté plainte contre son ex-collègue, Canal+ avait ouvert une enquête interne à la suite de laquelle l'inspection du travail des Hauts-de-Seine, où se situe le siège de la chaîne, avait signalé les faits à la justice. Cette enquête de la BRDP est "toujours en cours".
Les protagonistes de cette affaire restent présumés innocents jusqu'à clôture du dossier.