Alors que son épouse Carla Bruni a récemment fait ses débuts au cinéma en participant au nouveau film de Woody Allen, intitulé Minuit à Paris et que sa participation pourrait être coupée au montage, c'est maintenant au tour du chef de l'État de se pencher lui aussi sur le septième art.
Le président de la République Nicolas Sarkozy, rentré de ses reposantes vacances au Cap Nègre depuis plus de deux semaines, a en effet invité plusieurs cinéastes et producteurs français, hier soir, à l'Elysée, de façon à désamorcer les tensions nées il y a quelques jours concernant l'éventuelle hausse de la TVA sur Canal+, dont les conséquences économiques auraient coûté cher au cinéma français. En effet, le surcroît éventuel de taxe pour Canal+ (de 5,5% à 19,6%), représentant environ 470 millions d'euros sur l'année, aurait contraint le groupe Canal+ à augmenter ses abonnements, à revoir tous ses partenariats à la baisse (notamment avec le football), et surtout, à beaucoup moins investir en préachat des films (Canal+ est le principal investisseur dans les productions cinématographiques), entraînant le cinéma français dans une spirale où seules quelques comédies populaires auraient pu survivre.
Costa-Gavras, Pierre Jolivet, Jean-Paul Salomé, Marie Masmonteil, Marin Karmitz, Pascal Rogard, Danièle Thompson, Bertrand de Labbey ou encore Alain Terzian étaient donc présents afin de discuter de cette hausse éventuelle de la TVA sur la télévision payante et les Fournisseurs d'Accès à Internet (FAI). Jérôme Seydoux (co-président de Pathé), convié mais retenu à Londres, n'a, pour sa part, pas pu débattre.Mais dès le début de cette réunion, Nicolas Sarkozy a rassuré tout le monde : Canal+ continuera de bénéficier du taux réduit de la TVA (5,5%), même s'il a fait ressentir à tous ceux en présence qu'il ne portait pas particulièrement dans son coeur la chaîne cryptée. Une précision importante rapportée par Emmanuel Berretta du Point.fr... Cependant, les FAI devront, de leur côté, acquitter la TVA au taux normal (19,6%) dès l'année prochaine, en ce qui concerne la partie audiovisuelle de leur chiffre d'affaire (ce qui engendrera sans doute une hausse de 2 euros par mois pour les abonnements internet-TV-téléphonie).
Mais Canal+ ne s'en tirera pas à si bon compte, car si sa TVA n'augmente pas, la chaîne payante n'échappera pas à une mise à contribution financière. Dans cette optique, le Président de la République a reçu Bertrand Méheut (PDG du Groupe Canal+) dès ce matin, à l'Elysée, afin de discuter du degré de cette contribution.
Bien que Frédéric Mitterrand ait été présent lors de cette rencontre, en qualité de ministre de la Culture, Nicolas Sarkozy n'a pu s'empêcher de gérer le problème lui-même, initiant cette réunion et convoquant les professionnels de son propre chef.
Le Chef de l'Etat en a même profité pour lancer une petite pique au régime de François Mitterrand (sous qui Canal+ avait été lancé en 1984), comme nous le rapporte Emmanuel Berretta. En effet, le président Mitterrand avait concédé à la chaîne cryptée, en 1984, une TVA à taux réduit en contrepartie du soutien financier de la chaîne à la production cinématographique. A cette époque, le président socialiste avait cédé le quatrième canal hertzien à André Rousselet, fondateur de Canal+, mais surtout ancien directeur de cabinet de François Mitterrand à l'Elysée. Nicolas Sarkozy y est donc allé d'un : "Qu'est-ce qu'on aurait dit si j'avais placé mon directeur de cabinet à la tête d'une chaîne !" Provoquant sourires entendus, mais aucune réaction de la part de Frédéric Mitterrand...
Après une heure de réunion, tous les professionnels du cinéma semblaient rassurer sur ce dossier sensible, qui ne portera vraisemblablement pas préjudice à la production française, un participant à la réunion évoquant Nicolas Sarkozy en ces termes : "Il s'est posé en passionné et en protecteur du cinéma." Comme d'habitude, c'est quand même lui qui s'occupe de tout !
Nous voilà soulagés !
A.I.