Émile Louis a été condamné en novembre 2004 par la cour d'assises de l'Yonne à la réclusion criminelle à perpétuité pour "l'affaire des disparues de l'Yonne", les meurtres de jeunes femmes handicapées qu'il a commis à la fin des années 1970. Un terrible personnage qui avait sa propre famille. Comment vivre avec le poids d'être liée par le sang à un tel individu ? Son aînée, Maryline Vinet, a tenté de comprendre dans un livre catharsis publié en 2003, Être la fille d'Émile Louis. Christophe Hondelatte l'a interviewée pour son émission sur Europe 1 consacrée aux grandes affaires criminelles françaises. Avant de l'écouter, le journaliste a lu des passages glaçants de cet ouvrage racontant ce qu'elle a vu des atrocités, mais aussi ce qu'elle a subi.
Mariée de force à 17 ans à peine, Maryline, la première des quatre enfants qu'Emile Louis aura avec Chantal Delagneau, reste sous l'emprise de son terrible père. Elle se souvient d'un jour, où son père décide de l'emmener faire des courses mais s'arrête dans un bistrot juste avant. Lorsqu'elle revient des toilettes et qu'elle boit son verre de menthe à l'eau, elle se sent rapidement mal, comme droguée. Il la ramène vers la voiture et si ses souvenirs sont flous, elle réussit à retranscrire l'horreur de la scène : "Je suis sans volonté, spectatrice de moi-même. C'est confus mais je me souviens qu'il m'entraîne vers un champ. Je me souviens qu'il me pousse dans une cabane. Combien de temps s'était écoulé avant que je me retrouve nue sur le sol ? Il me viole, d'abord avec des objets et après, il me laisse nue."
Le calvaire ne s'arrête pas là. Emile Louis abandonne sa fille toute la nuit, la laissant attachée, puis la récupère et la dépose, seule, à la gendarmerie. Elle ne dit rien aux officiers de peur d'être traitée de "salope". L'un d'eux la ramène chez elle et elle se fait accueillir par son père qui l'insulte en l'accusant d'avoir trompé son mari. Il prend à partie sa mère qui répond par les mains : "Et là, maman se met à me cogner et mon frère avec. Pourquoi est-ce que je parlerais ? Elle ne me croirait pas."
Maryline Vinet n'a rien dit de ce qu'elle a vécu ou vu car Emile Louis menaçait à chaque fois de tuer sa mère si elle parlait, et ce, depuis sa plus tendre enfance, elle qui a été violée dès l'âge de 5 ans. Lorsqu'elle a fait un séjour en hôpital psychiatrique après une tentative de suicide, il était venu la voir chaque jour pour lui redire cette phrase impitoyable qui hantera sa vie : "Si tu parles, je la tue."