Le cinéaste français Manuel Pradal est mort le 13 mai à Paris à l'âge de 53 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. Né le 22 mars 1964 à Aubenas, en Ardèche, Manuel Pradal est décédé des suites d'une longue maladie. Admirateur de Pier Paolo Pasolini, "c'était un cinéaste exigeant, sensible, poète", a déclaré sa soeur Laure Pradal. Deux des comédiennes qui ont travaillé avec lui, Vahina Giocante et Emmanuelle Béart, respectivement dans Marie Baie des anges et dans Un crime, ont fait part de leur chagrin sur Instagram.
Diplômé de la Femis en 1990, auteur de huit longs métrages, Manuel Pradal avait ainsi révélé au public la jeune Vahina Giocante : "On s'était dit que tu me filmerais à tous les âges de ma vie, l'adolescence (Marie baie des anges), la femme (La Blonde aux seins nus), la vieille dame ...... (.......) ..... On fera notre dernier film de l'autre côté, t'inquiète !", a-t-elle notamment écrit dans son hommage.
Le cinéaste avait également tourné deux films avec Harvey Keitel – Ginostra (2001) et Un crime (2006).
Dans Un crime, une histoire d'amour fiévreuse coécrite avec l'auteur de polars Tonino Benacquista, il met en scène l'acteur américain Norman Reedus, détruit par le meurtre de sa femme. Sa voisine, jouée par Emmanuelle Béart, attirée par lui, conçoit un projet fou : le libérer des fantômes de son passé en lui offrant une vengeance et un coupable idéal, Roger (Harvey Keitel), chauffeur de taxi aux airs louches.
Manuel Pradal a aussi réalisé une grosse production française, Benoît Brisefer : les taxis rouges (2014), avec Gérard Jugnot et Jean Reno. Mais il a également signé Canti, avec Agnès Jaoui et dernièrement La Petite Inconnue (2016).
"Je milite pour un cinéma buissonnier", assurait le cinéaste en 2015 dans un entretien au journal L'Humanité, alors qu'il faisait une tournée dans des communes sans salle de cinéma pour présenter son film Tom le cancre (2012), un "film d'aventure avec des enfants de 5 ans". En tournant ce film avec des bénévoles, Manuel Pradal expliquait avoir souhaité "montrer que le cinéma amateur peut redonner du jus, de l'espace à un septième art de plus en plus étouffé par son hypermarchandisation" : "Entre deux films où l'on gagne sa vie, je ne renonce pas à faire des films où 'la vie vous gagne'", expliquait le cinéaste, toujours dans L'Humanité en 2015.