Comme souvent, Eric Judor a fait le choix de se démarquer avec son nouveau film Problemos, qu'importe si ce pari signifie ne pas remplir les salles obscures. Fier de ne pas être dans un style formaté qu'il dénonce, l'humoriste, acteur, réalisateur et scénariste de 47 ans livre un nouveau discours sans langue de bois à Society.
Révélé grâce au duo atypique et incontrôlable qu'il a formé avec Ramzy Bédia, Eric Judor n'a plus jamais connu le même succès qu'avec son acolyte. Si l'époque faste est passée, leur amitié, elle, est restée. Une relation toujours aussi difficile à cerner, qu'il ne faut surtout pas prendre au premier degré. Notamment lorsqu'Eric Judor évoque la compétition qu'ils se livrent à présent. "Chacun a eu envie d'écraser l'autre. Lui quand il va faire ses films d'auteur et que tout le monde dit : 'Wow, quel acteur !' Et moi quand je fais Platane et qu'on dit : 'Wow, quelle série !' Je suis fier d'avoir fait la couverture des Cahiers du cinéma. Quand le numéro est sorti, j'en ai posé dix devant sa gueule et je n'ai rien dit. Une sorte d'humiliation quoi, c'était très plaisant", lâche-t-il avec humour.
Sa relation avec Ramzy Bédia a parfois été si forte et si exclusive que que certaines ex-compagnes ont préféré partir. "Ce qui était vrai, c'est que quand on était ensemble avec nos femmes, on était plus complices entre nous qu'avec qu'elles, et ça les exaspérait. Forcément", reconnaît celui qui est marié depuis octobre dernier à la mère de ses trois enfants, dont on ne connaît pas l'identité.
Si Eric Judor partage toujours le même humour avec Ramzy, il déplore que certains n'aient pas la même audace qu'eux et ne sortent pas de leur zone de confort. Il n'hésite pas à s'en prendre à deux grands noms du paysage humoristique actuel : Gad Elmaleh et Jamel Debbouze. "Ce que je regrette, c'est qu'il ne m'emmène pas plus loin. Ailleurs. C'est aussi le cas pour Gad Elmaleh. Ils ont fait des choses drôles mais ils continuent à prendre leur petit train qui les emmène à la gare suivante. Et ils n'en descendent jamais, ils ne prennent pas le coupe-coupe et ne traversent pas la brousse", dit-il à leur sujet. Il n'épargne pas non plus la nouvelle génération... Kev Adams en première ligne. "Les mecs utilisent tous les outils tous les jours, dans tous les sens pour parler d'eux et faire parler d'eux. Eux en train de se doucher, de parler à leurs potes, de faire du vélo.... Ça n'est que du vent. Mais ils existent. Et aujourd'hui, pour exister, il faut agiter les bras. Ce n'est pas ma culture", déplore-t-il.
Une culture qui ne lui permet plus de remplir les salles, comme avec Problemos, et Eric Judor l'assume malgré une certaine nostalgie : "On a fait 100 000 entrées la première semaine. C'est ce qu'on faisait en une journée avec Ramzy à l'époque de La Tour Montparnasse infernale. C'est chiant parce que je trouve le film vraiment parfait !"
L'intégralité de l'interview d'Eric Judor est à retrouver dans Society en kiosques le 26 mai 2017.