Ouvert depuis cinq ans, le Musée Hergé, consacré à l'auteur belge de bandes dessinées créateur des Aventures de Tintin ou encore de Quick et Flupke va fêter un anniversaire très particulier à l'heure où Hollywood s'est emparé de l'oeuvre majeure signée Hergé. Sa veuve, Fanny Rodwell, s'est d'ailleurs penchée sur la question le temps d'une interview exclusive accordée au Paris Match belge. Elle explique notamment que Steven Spielberg, trop hyperactif et "américain", ne donne guère plus de nouvelles de l'existence d'un second volet, suite du Secret de la Licorne sorti en 2011.
Évoquant un homme "intimidant" mais aussi "très simple", la garante de l'oeuvre du père de Tintin en mars 1983 depuis sa mort reconnaît n'avoir pas vraiment apprécié sa collaboration avec Steven Spielberg. Ce "cerveau bouillonnant , amoureux de Tintin, a en effet voulu porter à l'écran les aventures du héros belge, bien qu'il soit méconnu outre-Atlantique. Pour un résultat qui a quelque peu déçu Fanny Rodwell : "Son film contenait des passages admirables, mais d'autres choses étaient un peu tirés par les cheveux. Nous, on aime bien une ligne claire, joyeuse et allumée", confie-t-elle, pointant du doigt "des scènes un peu too much pour Tintin". Pour elle, le réalisateur de Jurassic Park ou d'E.T. ne correspondait probablement pas à l'univers de l'aventurier à la houppette. "Spielberg sera toujours Spielberg, ça doit éclater dans tous les sens, avance la légataire universelle de l'oeuvre. Alors qu'Hergé était tout le contraire. Son travail est plus soft. Il y a cette rondeur dans le dessin, ces récits qui se terminent bien. Il va vers la défense des plus faibles, pas pour le plaisir de la bagarre. Et il y a cet humour qui apaise beaucoup de choses."
Pourtant, "si jamais il y avait un autre film, nous en serions ravis" assure l'intéressée, aujourd'hui mariée au Britannique Nick Rodwell, qui occupe depuis 1993 une place clé dans la gestion de l'oeuvre, notamment les droits et l'image de Tintin. Mais Fanny Rodwell semble vouloir un autre réalisateur pour cette suite que l'on dit à l'écriture, d'après les propos tenus par Spielberg au début de l'année. Son choix se porterait davantage sur l'acolyte néo-zélandais de Spielby, le réalisateur des trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. "Peter Jackson a une culture, une sensibilité sans doute plus proches d'une sensibilité européenne", croit-elle savoir alors que Spielberg "est à 100% américain, il faut que ça pète, que ça bouge".
Depuis 2011 et Le Secret de la Licorne (qui a apporté plus de 370 millions de dollars dans le monde), les avancées autour de cette suite semblent minces. "On n'a plus eu beaucoup de nouvelles - même plus du tout", confie Fanny Rodwell, qui assure au passage qu'il n'y aura pas de nouvel album de Tintin.