Le récit est dur. Poignant. Le 17 janvier 2024, Farida Khelfa a vu son livre autobiographique, Une enfant française, publié aux éditions Albin Michel. Elle raconte la face sombre de son existence. Et plus particulièrement de sa jeunesse. Victime d'un père violent et incestueux, violée par son oncle, l'actrice et réalisatrice avait fait le choix de garder tout ça pour elle... à la suite d'une scène traumatisante. L'histoire remonte au collège, alors qu'elle avait évoqué sa situation à un conseiller d'orientation qui avait tenté maladroitement de lui venir en aide.
"Je m'étais confiée à lui et il m'avait promis qu'il ne dirait rien", raconte-t-elle dans les colonnes de L'Obs. "Or, deux minutes plus tard, mon père était au courant et, le soir, il m'a fracassée comme jamais. Le lendemain, je suis revenue à l'école avec le crâne déformé et, dans le bureau de ce crétin, j'ai eu cet accès de violence, inédit pour moi, contre un représentant de l'autorité. Je n'ai plus jamais parlé à qui que ce soit de ce que je vivais et, d'une manière générale, j'ai mis des décennies à faire confiance aux autres."
Farida Khelfa a fini par s'enfuir en direction de Paris, à 15 ans, à l'aide d'une soeur qui en avait fait de même. C'est là qu'elle a connu la folie de la nuit, notamment le dancefloor du Palace... et cette fâcheuse habitude d'y consommer de l'héroïne pour "anesthésier" ses angoisses. "Sous héro, tu n'as plus de problème : tu aimes tout le monde et tout le monde t'aime", assure-t-elle. C'est sa première grossesse qui lui a ouvert les yeux après dix années d'addiction. Enceinte, elle s'est rendue dans un cabinet médical spécialisé et a consulté un psychanalyste quotidiennement pendant les premiers mois.
"C'était vital", explique-t-elle. "La nuit, je faisais des cauchemars atroces dans lesquels je faisais du mal à mon bébé. Reproduire la violence sur lui a été la plus grande peur de ma vie". Elle dit souvent qu'elle a donné la vie à ses deux fils, Omer et Ismaël, mais qu'ils lui ont rendu la sienne. Le mannequinat lui a permis de vivre, de sortir la tête de l'eau, mais cette profession la faisait "profondément 'iech'". Bien qu'elle aime s'apprêter, avec du rouge à lèvres, beaucoup de maquillage et de bijoux... "Un réflexe de pauvre", selon elle. "Ça ne m'a jamais intéressée", admet-elle. "C'était très facile pour moi de poser et de défiler, mais je m'en foutais complètement. Je ne me rendais pas compte de la chance que j'avais de côtoyer ces grands artistes..." Farida rattrape désormais le temps perdu !
Retrouvez l'interview de Farida Khelfa dans le magazine L'Obs n°3095 du 25 janvier 2024.