Si l'engagement politique de certains artistes ne prête qu'à rire ou à polémiquer, Faudel a payé le sien au prix fort. Son soutien un peu trop affiché au candidat Nicolas Sarkozy lui a valu un véritable lynchage, comme s'il avait brisé quelque omertà implicite.
Pris pour exemple par le futur président de la République, qui voit en lui le symbole incarné d'une intégration réussie, le Mantais participe d'ailleurs à la grande soirée du triomphe présidentiel, place de la Concorde, le 6 mai 2007, aux côtés d'autres vedettes.
Rien ne sera plus pareil après cet événement : son public le prend en grippe, et le chanteur monte sur scène pour recevoir sifflets et insultes - "bouffon", notamment. C'est la dégringolade, et Faudel, l'ancien membre du trio 1, 2, 3 Soleils (Cheb Khaled fait lui aussi son retour, d'ailleurs), touche le fond, tentant de mettre fin à ses jours.
Désormais, Faudel semble prêt à reconstruire : il a, en quelque sorte, fait son analyse et rationalisé sa quête identitaire en publiant en février 2008 son autobiographie (Itinéraire d'un enfant de cité, écrit avec la journaliste Sophie Blandinières). Et veut se consacrer à nouveau à son métier : chanteur.
Le Parisien révèle que l'artiste est entré en studio pour un nouvel album à paraître cet été chez Mercury/Universal. Mais avant cela, il a fait quelques amorces, préparé le terrain : sa reprise d'un grand classique du raï a été diffusée sur Beur FM de façon "anonyme" (sans dire qu'il en était l'interprète) et avec succès, et il a effectué une tournée encourageante (Syrie, Jordanie, Palestine, Maroc, Angleterre, Allemagne), qui ne s'est pas faite sans encombres.
Radio Raï, titre provisoire de ce cinquième album studio, s'annonce comme une compilation de reprises raï en mode pop. Raï'n'pop, en somme. "On me demande souvent pourquoi je ne chante pas des chansons genre Salma Ya Salama de Dalida ou Chérie je t'aime, chérie je t'adore de Bob Azzam, fait-il remarquer. Mais aussi des chansons du début du raï. C'est ce que j'ai décidé de faire et l'idée a plu". Aux côtés du Bambino de Lili Boniche immortalisé par Dalida et du Bayda mon amour de Cheb Hasni, on trouvera par exemple une reprise du... Jour s'est levé de Téléphone.
"J'ai pris des coups. Mais je pense que la crise que j'ai traversée m'a rendu lucide même si je reste spontané, explique Faudel au Parisien. Je pense aussi que mon problème avec le public est surmontable. (...) Je sens qu'on peut me pardonner, on fait tous des erreurs. Là, j'ai envie de faire un album sans prétention mais de bon niveau, avec des classiques, des chansons que tout le monde connaît." CQFD.