S'il fête ses 21 ans comme il a fêté la résolution de son transfert polémique à l'OM en septembre dernier, à savoir... "en mangeant du McDo", Florian Thauvin risque fort de récupérer un surnom jadis réservé à un Dédé Gignac alors pas très (ou trop) en forme. Quoi qu'il en soit, les burgers et les bougies allaient patienter, dimanche 26 janvier 2014, jour du 21e anniversaire de la pépite phocéenne, puisque un duel au sommet l'attendait en soirée sur le Rocher. A la veille du déplacement très périlleux d'un Olympique de Marseille à la peine chez son voisin l'AS Monaco, privé de sa superstar Falcao, Florian Thauvin se dévoilait samedi de manière inédite dans une interview "premières fois" publiée en pleine page dans le quotidien Le Parisien.
Lauréat plus tôt dans le mois du Ballon de Plomb, "récompense" satirique traditionnellement décernée par Les Cahiers du football au plus mauvais footballeur de Ligue 1 et exceptionnellement attribuée cette année à Florian pour son attitude blâmable en vue d'obtenir son transfert de Lille à Marseille, le jeune homme y fait a contrario montre d'une certain quantité de plomb... dans la cervelle. Rare satisfaction de la première partie de saison de l'OM, désormais coaché par un José Anigo endeuillé et maltraité, Thauvin livre anecdotes et souvenirs marquants qui révèlent un garçon à la fois sûr de son talent, ambitieux et heureux de jouer au foot, mais aussi sensible et relativement posé. La famille, le foot, la religion, les filles, tout ce qui compte...
En croquer, mais ne pas s'enflammer...
Quand on a 21 ans et qu'on a encore tout à réaliser, les émotions des grands débuts sont encore bien fraîches, et c'est ce que l'on ressent lorsque Florian Thauvin évoque l'époque où, en poussins, en benjamins, à Ingré dans le Loiret, il marquait "quatre buts par match, soixante par saison" : "Je remontais tout le terrain pour marquer, je dribblais. Je croquais le ballon, je le croque toujours, d'ailleurs !", s'enflamme-t-il en y repensant. Il retrace ensuite brièvement les étapes de son ascension, à commencer par son départ de la maison pour le centre de formation de Châteauroux ("Je l'ai plutôt bien vécu, mais c'était compliqué pour mamère, surtout"), où il est éduqué "sportivement et humainement par Fabrice Dubois, un super coach", puis sa rencontre à 14 ans avec Tonton Adil, futur protagoniste du bras de fer LOSC-OM, auquel il s'attache alors : "Il m'a tout apporté. De la confiance. Il m'achetait mes crampons, mes équipements. Parfois (...), le week-end il me consacrait tout son temps et voyait moins sa femme et ses deux filles." Et d'ajouter : "Aujourd'hui, je me débrouille tout seul." A 17 ans, au moment de son premier entraînement chez les pros, le prodige en herbe, qui cite comme l'un de ses premiers souvenirs de foot un but de Drogba contre Newcastle en 2004, en a eu la conviction : "Pro, c'est largement possible, si tu ne t'enflammes pas." Aujourd'hui encore, ce mélange d'ambition et de réserve affleure lorsqu'il considère sa carrière : de sa difficulté à accepter d'être passé au travers de son premier match sous les couleurs de l'OM, à sa satisfaction d'avoir "mis quelques crochets, éliminé quelques joueurs" pour sa première titularisation en Ligue des Champions, à Naples le 6 novembre 2013, en passant par l'horizon rêvé du maillot bleu de l'équipe de France : "Sans m'en rendre compte, sans changer ma façon d'être, je suis devenu un candidat", réagit-il simplement en remarquant que ce sont ses proches et les observateurs qui lui ont mis la puce à l'oreille.
Cheveux durs, coeur tendre
Derrière le garçon pétri de talent et d'envie, Florian Thauvin ouvre quelques fenêtres sur le jeune adulte qu'il est, et sur une sensibilité qu'on ne peut pas deviner d'emblée. Une sensibilité qui inclut des zones privées, comme sur la question de la religion. S'il explique prier depuis l'âge de 13 ans, lorsqu'il s'y essaya suite à une douleur et s'aperçut le lendemain qu'elle avait disparu, et dit se rendre à l'église au moins pour les dates majeures, il insiste sur le fait que "le religieux, c'est personnel" et qu'il "échange peu avec ses coéquipiers sur ce thème".
Outre l'allusion à sa mère, qui a eu du mal à voir son protégé quitter le cocon familial si tôt, il partage, contre toute attente, une pensée concernant sa grand-mère lorsqu'on lui demande quelle a été sa plus grosse galère : "Le jour où j'ai appris la maladie de ma grand-mère, Dionyssia, en décembre 2012. Je pense à elle tous les jours, je l'ai mise en fond d'écran sur mon téléphone [il montre la photo en question, le figurant en train d'embrasser sa mamie, au journaliste du Parisien, Mathieu Grégoire, NDLR]. Dès que j'ai un moment, je vais la voir, j'ai passé toutes mes dernières vacances auprès d'elle."
Visiblement très famille, Thauvin semble aussi être passionné lorsqu'il s'agit de vie amoureuse. "J'ai eu un seul coup de coeur, quand j'étais plus jeune : nous sommes restés longtemps ensemble", avoue-t-il à propos de la seule fille qu'il a aimée mais dont il "ne veut pas parler [parce qu'elle] va se la péter". Et de concéder : "Je suis trop compliqué avec les femmes. Je fais attention aux détails !"
Et à propos de détails, il ne pouvait pas couper à une question sur... sa coiffure, très commentée. Avouant s'être inspiré de Cristiano Ronaldo ("avec la mèche longue derrière") lorsqu'il avait 14 ans, il revendique maintenant son propre style : "Là, j'ai ma propre personnalité, je réfléchis juste avec ma nouvelle coupe avec mon coiffeur et frérot de Paris, Michael Caiolas."