Que peut-il y avoir de pire pour un joueur de très haut niveau que de se trouver évincé d'une présélection pour une Coupe du monde de football ? Réponse : abdiquer spontanément.
C'est hélas le cas de figure dans lequel s'est trouvé Lass', Lassana Diarra, le milieu récupérateur d'origine malienne âgé de 25 ans qui évolue au Real Madrid. Depuis le début du stage du "groupe des 24" voulu par Raymond Domenech à Tignes, celui qu'on peut voir comme le potentiel successeur de Makelele en bleu subissait la loi de maux de ventre, l'obligeant à renoncer à la plupart des activités de ses partenaires, qu'il s'agisse de l'ascension, jeudi, du glacier de la Grande-Motte, dont il s'est retiré en cours d'excursion, ou des entraînements dans la station savoyarde - footings y compris. Sur le terrain, on l'a souvent vu en grande discussion avec Raymond Domenech, et on imagine que ce motif d'inquiétude n'y était pas pour rien.
Après examens, le couperet est tombé, et Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération Française de Football, l'a officiellement annoncé samedi après-midi : Lassana Diarra déclare forfait pour la Coupe du monde en Afrique du Sud et doit prendre du repos forcé.
Techniquement, le joueur souffre d'un "syndrôme asthénique" qui résulte d'une "anémie falciforme" ou "drépanocytose", a précisé son club du Real Madrid - qui l'a peu utilisé jusqu'à maintenant - via son site officiel. La drépanocytose est une affection du sang (altération de l'hémoglobine) héréditaire et la première maladie génétique en France et très répandue dans le monde (plusieurs dizaines de millions d'individus) : elle se retrouve par ailleurs fréquemment chez les populations d'Afrique sub-saharienne.
Les précisions du club madrilène sont bienvenues, étant donné que le staff des Bleus s'était contenté dévoquer des maux intestinaux dus à l'altitude.
Raymond Domenech, qui se trouve à présent avec un groupe de 23 joueurs, précisément le format de la liste demandée au 1er juin par la Fifa, a réagi à cette mauvaise nouvelle : "Il s'est écarté de lui-même. C'est encore plus dur parce que ce n'était pas un choix. C'est le destin, c'est le sien. C'est dur pour lui, car je sais l'investissement qu'il avait mis dans cette Coupe du monde. C'est dur pour nous. C'est un des cadres de cette équipe-là, au niveau de son jeu, de son style de jeu, au niveau de son mental, c'était vraiment un plus. C'est la dure loi du sport."
Le technicien tricolore n'a en revanche pas donnné d'indices quant à une éventuelle décision de remplacer ou non Lass' : "Pour le moment, on n'est pas dans cette optique-là, on est dans la réflexion, ça vient d'arriver. C'est difficile de dire "dès qu'un joueur s'en va, on en prend un autre". On pèse le pour et le contre. On a encore quelques jours. Pour moi, il y a toujours la place de "Lass", c'est difficile d'effacer ça du jour au lendemain, sans prendre le temps de réfléchir."