Pendant que la Fédération Française de Football et la direction du FC Girondins de Bordeaux lavent leur linge sale en famille dans le dossier Laurent Blanc, l'intéressé étant amené à prendre les fonctions d'entraîneur de l'équipe de France, les Bleus de Raymond Domenech prennent le grand air à Tignes, où l'enadrement leur a concocté un programme destiné à souder un groupe fragilisé par scandales et péripétie domenechienne (liste de 30 joueurs initiale).
Concernant l'intronisation de Laurent Blanc, deux choses : la première, c'est que la FFF et le club girondin ont trouvé un terrain d'entente. Le champion de France sortant, privé d'Europe la saison prochaine et condamné à voir certains de ses meilleurs éléments partir, réclamait un dédommagement autour de 2 millions d'euros, considérant que les appels du pied à leur entraîneur ont été préjudiciable au club. Comme d'autres, Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 et actionnaire principal du club, ne mâchait pas ses mots : "Il y a un manque de respect des règles les plus élémentaires et cela a contribué à pourrir la deuxième partie de saison". Quant à Jean-Louis Triaud, président du club, il déclarait : "La situation financière sera délicate en 2010-11. Pour conserver une équipe de bon niveau, nous sommes prêts à faire notre devoir d'actionnaire mais nous attendons qu'il y ait réparation par ceux qui ont commis une erreur. Je considère que la Fédération a contribué à notre échec sportif, jugeait-il. Et c'est 20 millions de perte. J'ai peur que cette somme soit un peu élevée pour le budget de la Fédération. Mais je pense aussi que la FFF ne peut pas impunément se permettre d'aller débaucher de façon très prématurée un entraîneur en exercice dans un club français". C'est finalement 1,8 million d'euros que la Fédération a accepté de verser aux FC Girondins de Bordeaux.
La seconde : Laurent Blanc, qui, lui, ne connaîtra pas la crise (Le Point révèle aujourd'hui qu'il percevra... 215% de ce que touchait Domenech !), ne sera officiellement confirmé dans ses futures fonctions que début juin, à l'issue d'un conseil fédéral extraordinaire qui sera convoqué après la nomination du pays organisateur pour l'Euro 2016 (le 28 mai), et devrait prendre ses fonctions fin juillet.
Pendant ce temps, les Bleus prennent de la hauteur... et se confrontent à des activités dont ils ne sont pas franchement coutumiers : Le Parisien fait remarquer qu'une semaine à 2100 mètres d'altitude n'apporte aucun bénéfice physiologique. L'enjeu est, comme lors de précédentes préparations de Coupe du monde, de créer un esprit de groupe fort et solidaire. Mercredi, les stars de pub Yoann Gourcuff, Franck Ribéry, Thierry Henry, William Gallas et les Bleus sont sortis en VTT, dans la joie et l'allégresse. Mais un peu plus tard, si Patrice Evra, avec le sens de la formule, avait asséné qu'on ne va pas à la Coupe du monde "pour faire un safari", il était moins tranchant en apprenant que la montée vers le haut du glacier de la Grande-Motte était au programme ! Après l'ascension en télésiège, une heure de marche en raquettes par cordées de 7-8 et avec des guides de haute montagne pour gagner l'hôtel-restaurant le Panoramique, à 3032 mètres d'altitude. Là, Stéphane Diagana, invité surprise, leur a transmis ses remarques en matière de préparation mentale, comme le rapporte Le Parisien. Puis c'est un bivouac "spartiate" qui a permis au groupe de se souder, les garçons passant la nuit serrés les uns contre les autres dans des duvets, sur des lits de camp.
Sébastien Squillaci, pendant ce temps, remportait un joli trophée avec son club du FC Séville, vainqueur de la Coupe d'Espagne aux dépens de l'Atletico Madrid. Il a rejoint ses partenaires pour la suite des réjouissances : dès ce matin, c'est une... initiation grandeur nature au biathlon qui les attendait ! D'abord prévue avec le concours de certains de nos médaillés olympiques de la discipline, c'est finalement une société spécialisée dans l'événementiel qui a géré l'initiative, la Fédération ayant souhaité qu'il n'y ait pas trop d'athlètes de haut niveau autour des Bleus (?). Disputée en raquettes et non à skis mais bien avec des séances de tir, l'épreuve a vu le groupe mené par Thierry Henry s'imposer.
En tout cas, difficile de leur voler la vedette : à leurs passages en station, les joueurs peuvent constater que leur cote de popularité est au beau fixe ; tout particulièrement... Franck Ribéry. De quoi le regonfler à bloc ?
A contrario, Domenech et la popularité, c'est toujours une histoire compliquée. Dernier détracteur en date : Youri Djorkaeff. Le Snake, champion du monde 1998, déjà outré par la non-convocation de son ancien coéquipier Patrick Vieira et le fait qu'il n'y ait pas de patron dans le groupe France, est sorti de ses gonds dans les colonnes du Parisien en découvrant des campagnes publicitaires qui promettent de rembourser l'achat d'un téléviseur... en cas de victoire de la France en Coupe du Monde : "Quand je vois que des marques de grandes distribution font leur campagne de publicité sur le fait de rembourser les consommateurs si les Bleus remportent la Coupe du monde, je suis scandalisé. Ça nous donne une image de loser ! Mais voilà, on a un sélectionneur qui veut faire rire tout le monde. Du coup, c'est devenu une mode, même les sponsors s'y mettent. Déjà qu'on a pas de résultats, il est désastreux en communication".
Prochain grand rendez-vous avec les Bleus, qui sont redescendus ce jeudi à Tignes et réaliseront leur premier entraînement dans l'après-midi : le 26 mai au stade Bollaert de Lens, pour un match amical contre le Costa Rica.