Françoise Sagan a écrit Bonjour tristesse à 17 ans. À sa publication, un scandale mais aussi un succès mondial. Sagan aimait les voitures de course et le jeu. Dix ans après sa mort, son fils unique, Denis Westhoff, dont le père est l'Américain Robert Westhoff, veille toujours sur l'héritage intellectuel de sa mère. Il a par exemple choisi les textes lus par Marie Bell, Hélène de Fougerolles et bientôt Marie-Christine Barrault dans Sagan, mise en lecture au théâtre du Gymnase. Ce qu'il redoute ? Que l'on réduise Sagan à ses excès...
Françoise Sagan est morte désargentée et endettée. Son fils aurait pu refuser l'héritage, mais c'était accepter que l'oeuvre de sa mère soit dispersée aux quatre vents, ce qu'il a toujours refusé. Dans un grand entretien accordé au magazine Gala, Denis Westhoff raconte combien, dix ans après sa mort, l'oeuvre de Sagan est "indépendante, libre et intelligente". C'est ce pour quoi il bataille. L'image sulfureuse de l'écrivaine ? Réductrice. Il pousse un coup de gueule : "Je n'en peux plus que les journalistes choisissent la facilité en la résumant à cela... À la drogue et à la conduite pieds nus d'une décapotable. Ma mère était bien autre chose. Une des raisons pour lesquelles je m'occupe de sa succession, c'est que je cherche à modifier cette image. Elle ne passait pas sa vie en boîte de nuit, elle sortait un livre par an, c'était une discipline. En face de son nom dans le dictionnaire, il n'est pas écrit qu'elle buvait du whisky ou prenait de la cocaïne. Il est mentionné : femme de lettres. Ça suffit à la résumer."
Dans cette interview, Denis Westhoff évoque ses nombreux souvenirs et ceux que l'on pouvait croiser chez Sagan comme Juliette Gréco, une fidèle amie. Il se souvient de son intérêt pour les "originaux et les mythomanes", de sa générosité. Et de l'éducation qu'il a reçue. Françoise Sagan n'avait certes pas de principes éducatifs, mais Denis Westhoff, écrivain lui aussi, la décrit comme une femme "aimante, attachante, responsable et très attentive".
Denis Westhoff a lui-même deux enfants. Joyce, 8 ans, qui "commence tout juste à lire", et William, 17 ans. "Il surfe sur des tablettes, il fait du commerce de chaussures de sport sur Internet. Bref, il est assez loin d'écrire Bonjour tristesse", résume son père. François Sagan repose auprès de Robert Westhoff et de son grand amour, Peggy Roche, au cimetière de Seuzac dans le Lot.
Gala, en kiosques le 27 mai 2015.