Même sang, même amour des mots, même air de famille... Si les deux ressemblent a priori à des frères siamois, tout a longtemps séparé Jean-Christophe et Franz-Olivier Giesbert. Les épreuves de la vie surtout, à commencer par un père violent qui les a divisés pendant de longues années. Mais aujourd'hui, la page est tournée et les voilà définitivement rabibochés. L'occasion pour FOG et Norman Ginzberg - son pseudo d'écrivain - de revenir pour Le Figaro sur une histoire de famille douloureuse mais forcément romanesque...
Les coups d'un père
"Violent", "aigri", "brutal", "excessif"... Voilà les mots qui viennent à la bouche de FOG et Norman Ginzberg au moment d'évoquer l'homme qui les a longtemps séparés. Cet homme, c'était leur père, Frederick-Julius Giesbert, un vétéran du Débarquement qui s'unira à une jolie Normande et mènera la vie dure à ses cinq enfants. "Mon père m'a volé mon enfance, explique FOG. Même à cinq ou six ans, j'étais déjà sans illusions. Autant que je me souviens, je n'ai jamais cru au Père Noël. On ne peut pas croire au Père Noël dans une maison où la femme est battue comme plâtre, plusieurs fois par semaine", lâche dans Le Figaro le journaliste et écrivain, vu lors du banquet à l'Elysée donné en l'honneur de la reine Elizabeth II début juin.
Résultat, le jeune Franz-Olivier fait tout pour s'évader. Il y a arrive avec la littérature, mais sans Jean-Christophe. "Franz était un grand-frère totalement absent, confie le cadet (de six ans), directeur de la rédaction de La Dépêche du Midi jusqu'en 2008. Il ne s'est jamais occupé de moi. Je n'ai pas un seul souvenir d'intimité avec lui. Il était totalement plongé dans la lecture ou l'écriture. Je l'ai toujours vu comme un zombie. Il n'a pas joué son rôle de grand frère."
"Mon obsession était de fuir la maison"
Des années plus tard, FOG avoue. "J'avais un tel rejet de la famille qu'en effet, je ne me suis interessé à Jean-Christophe que quand il est devenu journaliste. Mon obsession c'était de fuir la maison", concède le directeur du Point, âgé de 65 ans. Des maux aux mots, c'est l'écriture qui va les réunir. Norman n'hésitera pas à soutenir son frère, qui évoque la violence paternelle dans un livre intitulé L'Américain en 2004 (Ed. Gallimard). "J'ai encouragé mon frère à écrire l'histoire de ce personnage violent, brutal, excessif (...) je ne regrette pas", explique-t-il, et ce malgré la colère de leurs deux soeurs.
Respectivement nés en France et aux Etats-Unis, journalistes dans le Sud et dans le Nord, plutôt de gauche et libéral, Jean-Christophe et Franz-Olivier voient finalement leurs trajectoires se rejoindre petit à petit. Après avoir souffert d'un cancer, le cadet décide en effet de quitter La Dépêche du Midi pour se lancer dans l'écriture comme son grand frère. S'il a aussi créé Giesbert & Associés, une société de conseil en communication basée à Toulouse, en 2009, il publie quatre ans plus tard Arizona Tom (Ed. Héloïse d'Ormesson). Mais ce ne sera pas en tant que Giesbert puisqu'il choisit le pseudonyme très américain de Norman Ginzberg, pour la Normandie et le "nom d'origine de la famille". Cette année il publie le roman Omaha, toujours chez le même éditeur, où deux frères... s'opposent sur fond de Seconde Guerre mondiale. Une histoire qui lui parle forcément...