Propulsé sous le feu des projecteurs avec le succès de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Frédéric Chau savoure. À 37 ans, celui qui a été révélé au Jamel Comedy Club en jouant le Chinois de service a pris sa revanche sur une histoire aussi incroyable que complexe. L'acteur se raconte aujourd'hui dans une autobiographie intitulée Je viens de si loin. Un titre à double sens qui se réfère à la fois aux origines asiatiques du comédien, mais également au chemin parcouru.
Dans son livre, Frédéric Chau évoque son enfance, entre le "cocon de tendresse et d'amour" auprès d'une mère qu'il admire par-dessus tout et le racisme dehors. Le "niakoué" n'ose pas s'affirmer et l'intégration se déroule de la pire des manières qui soit. À l'heure où le cas des migrants syriens nourrit les débats, l'histoire de Frédéric Chau fait office de miroir face à l'actualité. De nationalité française mais né au Vietnam de parents chinois et originaires du Cambodge, le petit Chau était trop petit pour se souvenir de l'exil lorsque Pol Pot arriva au pouvoir. Il pressera ses parents pour comprendre, connaître son histoire et se construire. "Mes parents se sont battus, ils ont tout sacrifié pour leurs enfants", fait valoir l'intéressé.
Il se cherche. Au lycée, il enchaîne les râteaux avec les filles puis adopte le style de Dustin Nguyen (l'acteur asiatique de la série 21 Jump Street) pour tenter sa chance. Une réussite. Mais c'est l'humour – un paradoxe lorsqu'on a grandi dans un environnement où le but ultime était "de gagner le concours de l'enfant le plus invisible", concède-t-il à Gala - qui le révèle. Sur scène, il devient un symbole de la communauté asiatique, mais se perd aussi. "J'avais peur d'être moi-même [...] La scène me stimulait autant qu'elle me détruisait [...] Ma petite amie me disait que j'avais changé", confiera l'humoriste, qui plonge alors dans la drogue, puis la dépression. "Je me suis laissé piéger dans des drogues festives. Je me suis mis à consommer : c'était ma tenue de camouflage. Personne n'aurait pu se douter qu'au fond, j'étais malheureux et que je broyais du noir", raconte Frédéric Chau dans son livre. Sa copine le quitte et le jeune homme se retrouve "au fond du trou, seul, et en galère d'argent". Il se décrit alors comme un "zombie", mais se dit surtout "lucide sur un point" : "Je voulais réussir."
Et il a réussi, dans sa carrière comme dans sa quête identitaire, à accepter ses origines. "Quand viendra mon tour d'avoir des enfants, je ne changerai pas un mot de la devise de mon père, en disant à chacun : 'Défends tes origines !'."