"Nous ne faisons que passer" : appliquant littéralement la maxime du refrain de son premier single solo, Help myself (nous ne faisons que passer), Gaëtan Roussel n'a fait que passer, en boucle, sur les ondes pour ses débuts officiels hors Louise Attaque et Tarmac.
Avec l'album Ginger qu'il a livré en début d'année, après s'être signalé au côté d'Alain Bashung (Bleu Pétrole), de Vanessa Paradis (Il y a) et Rachid Taha (Bonjour), l'interprète de l'ébouriffant et inoubliable - les paroles s'envolent, les chansons restent - J't'emmène au vent a attiré les projecteurs, tandis que d'étonnants spots disco "ambiançaient" son site officiel flambant neuf.
Arrivé à ce nouveau sommet d'une carrière aussi convaincante en collectif qu'en solitaire, l'intéressé force le respect sans rien perdre de son mystère : "La non-célébrité ? Ça me va très bien", expliquait-il à Libération en marge de la parution de Ginger, écartant d'emblée les plateaux télé, bien trop chronophages pour celui qui, de l'avis de son épouse Lucie, mère de leurs deux enfants (Antonin, 8 ans, et Pénélope, 2 ans), "est toujours en mouvement : il cherche toujours à faire des trucs. C'est ce qui le rend intéressant, mais fatigant, aussi", explicite madame. Témoignage éloquemment corroboré par Arnaud Samuel, son complice de Louise Attaque et Tarmac, qui fait valoir leur "amitié profonde et précieuse" : "La première fois que j'ai rencontré Gaëtan, il m'a parlé en laçant ses baskets. Cette image, c'est tout lui : un mec ouvert, décontracté. On s'est toujours respectés même si on n'était pas d'accord, on ne s'est jamais engueulé. Pour lui, la vie, c'est le mouvement."
Dans son élan, dans son obsession à "ne pas tourner en rond", Ginger est né, "doucement, pas brutalement". A n'en pas douter, Help Myself fut une heureuse surprise : surprise car on n'attendait pas le bonhomme dans ce genre d'entêtante ronde musicale bidouilleuse, heureuse parce que c'est une superbe inspiration. Le clip qui l'accompagnait, plein d'humanité - au sens littéral -, mettait l'auditeur sur la piste, groovy mais pas insoucieuse, d'un chanteur qui place l'humain au centre de ses aventures artistiques.
C'est encore le cas avec le clip, relecture du téléphone arabe, de Dis-moi encore que tu m'aimes, un second single qui s'est également octroyé une place de choix sur les ondes au cours des dernières semaines : la forme de ritournelle, les hand claps, le téléscopage des temps de la vie (passé, présent, futur)... Des faux airs de simplicité.