Un géant du cinéma américain s'en est allé. L'acteur Gene Wilder, inoubliable acteur de Charlie et la chocolaterie, Frankenstein Junior ou encore Les Producteurs, et pilier des comédies débridées de Mel Brooks, est mort lundi à 83 ans. Il a succombé des suites de la maladie d'Alzheimer à Stamford dans le Connecticut.
Une triste nouvelle annoncée par son neveu Jordan Walker-Pearlman. Dans un communiqué, ce dernier a précisé que son oncle souffrait de cette pathologie depuis trois ans et avait "fait le choix de garder le secret". Cette décision "n'était pas de la vanité", a-t-il assuré, mais il l'a prise pour que les enfants qui le croisaient ne perdent pas le sourire si un adulte mentionnait sa maladie. "Il ne pouvait supporter l'idée d'un sourire de moins dans le monde", a poursuivi Walker-Pearlman. Il a raconté qu'au moment où son oncle avait poussé son dernier soupir, le son de l'une de ses chansons préférées s'était élevé dans la pièce : Somewhere Over the Rainbow, interprétée par Ella Fitzgerald, qu'il avait rencontrée. Pourtant, "la liste de musique était aléatoire", a-t-il précisé.
Marié quatre fois, Gene Wilder a rencontré Mary Mercier à New York et l'a épousée en 1960, divorçant cinq and plus tard. La même année, il fréquente une amie de sa soeur, Mary Joan Schutz, avec qui il s'est marié en 1967. Leur séparation aura lieu sept ans plus tard. Son troisième mariage se déroulera en France avec l'actrice Gilda Radner en 1984. Ils essaieront en vain d'avoir des enfants et elle devra ensuite se battre contre un cancer des ovaires. Elle mourra en 1989. Sa dernière épouse est Karen Webb, spécialiste chargée d'apprendre à Wilder à lire sur les lèvres pour un rôle (Pas nous, pas nous). Ils se sont mariés en 1991.
Né Jerome Silberman à Milwaukee dans le Wisconsin, Gene Wilder était le fils d'un émigré juif russe qui importait de l'alcool et d'une mère d'origine russe née dans l'Illinois. Il a passé sa jeunesse à tenter de divertir sa mère souffrante après un malaise cardiaque lorsqu'il avait 6 ans. Elle est décédée dix-sept ans plus tard. Il a été contaminé par le virus de la comédie en jouant au théâtre au lycée puis a été diplômé de théâtre à l'Université de l'Iowa. Il a successivement étudié à la Old Vic School à Bristol en Angleterre, où il est devenu un talentueux escrimeur, a passé quelques années au sein de l'armée américaine et a ensuite changé son nom et intégré le célèbre Actor's Studio avec Lee Strasberg. Son premier emploi d'acteur date de 1961 pour Roots d'Arnold Wesker, une pièce du programme non officiel de Broadway. Et, six ans plus tard, il a décroché son premier rôle au cinéma dans Bonnie et Clyde d'Arthur Penn, où il incarnait le fossoyeur kidnappé, Eugene Grizzard.
Reconnaissable à son abondante chevelure bouclée et à ses grands yeux bleus, il a été nommé deux fois aux Oscars pour son rôle dans Les Producteurs (1968) et pour avoir coécrit le scénario de la parodie hilarante du film d'horreur à la mode des années 1930 Frankenstein Junior (1974), deux films de Mel Brooks dont il était un acteur fétiche. Sa prestation dans Le shérif est en prison (1974), également réalisé par Mel Brooks, avait été particulièrement saluée et le film avait rencontré un vif succès au box-office. Ils avaient été présentés par Anne Bancroft, co-star de Wilder à Broadway dans les années 1960 et qui a épousé Mel Brooks par la suite.
Sa notoriété devient internationale quand Gene Wilder incarne l'excentrique propriétaire d'usine Willy Wonka dans une adaptation de 1971 du roman de Roald Dahl Charlie et la chocolaterie (1964). L'acteur figurait également à l'affiche de la comédie Transamerica Express (1976) d'Arthur Hiller, au côté de Richard Pryor, ainsi que de Faut s'faire la malle (1980) de Sidney Poitier. Son dernier grand rôle remontait à la fin des années 1990, dans une version pour la télévision d'Alice au pays des merveilles.
Rain Pryor, fille de Richard Pryor, a salué sur Twitter un "grand duo de film de comédie pour l'éternité papa et Gene Wilder", soulignant que les deux hommes n'étaient pas amis dans la vie mais "rien ne pouvait ou ne pourra battre leur magie à l'écran". L'acteur et réalisateur britannique Stephen Fry a remercié Gene Wilder "pour toutes ces joyeuses, joyeuses heures", le qualifiant de "génie comique". "Gene Wilder - L'un des vrais grands talents de notre époque. Il a gratifié de sa magie tous les films que nous avons faits et il m'a gratifié de son amitié", a tweeté lundi Mel Brooks.
De nombreuses personnalités anglo-saxonnes lui ont rendu hommage comme John Cusack, Ricky Gervais, Elizabeth Banks, Olivia Wilde, Russell Crowe, ou encore Rob Lowe, Albert Brooks, James Urbaniak, Larry Wilmore, Uzo Aduba...