Les journalistes des sports de France Télévisions n'ont pas la cote ces derniers mois. Après Nelson Monfort et son partenaire Philippe Candeloro et leurs prestations lors des JO de Sotchi, c'est Gérard Holtz qui a été la cible d'une tribune au vitriol dans La Libre Belgique, à cause de ses commentaires sur le Tour de France.
"Rire bruyant et artificiel"
Intitulé Égocentrisme, outrecuidance et chauvinisme : le Tour de farce de Gérard Holtz, ce billet d'humeur écrit par Guillaume Gautier et publiée sur le site Internet de La Libre Belgique s'en prend directement au journaliste sportif du Service public. Et violemment : "Son rire aussi bruyant qu'artificiel résonne encore dans les oreilles de ceux qui auront passé trop de temps devant France Télévisions pour suivre le Tour de France. Trois semaines durant, Gérard Holtz a une nouvelle fois occupé (voire monopolisé) l'antenne à coups de 'face cam' égocentriques sur le bord des routes de France et de jeux de mots puisés dans un répertoire périmé depuis la fin des années nonante [1990, NDLR]."
Altercation avec un gendarme
Et le journaliste d'attaquer "les facéties de celui qui voulait être la star à la place des coureurs", notamment son altercation avec un policier belge lors du départ de l'étape d'Ypres le 9 juillet dernier. "Écarté de la route par un agent qui ne faisait que son travail, libérant la chaussée à quelques secondes du départ, Gégé se rappelle qu'il est acteur entre deux étapes et enchaîne sur un théâtral 'calmez-vous, calmez-vous s'il vous plaît' en repoussant son 'agresseur' ", écrit Guillaume Gautier. Si le reste du Tour de France se passe sans coup d'éclat de Gérard Holtz, qui à chacune de ses apparitions cherche tout de même à "rester dans l'angle de la caméra", les derniers jours donneront lieu à un nouveau one-man show selon La Libre Belgique.
Chauvinisme déplacé
"Évoquant Nibali [le vainqueur, surnommé le Requin, NDLR] et ses deux principaux rivaux, il s'attribue sans citation d'usage ni complexe le titre du journal L'Équipe 'Le requin entouré de ses dauphins', tout fier de sa prétendue trouvaille", peut-on ainsi lire. Avant le coup de grâce pointant du doigt le côté chauvin de Gérard Holtz : "Galvanisé par la deuxième place de Jean-Christophe Péraud, Holtz ajoute le chauvinisme en guise de cerise sur l'indigeste gâteau de ses trois semaines d'antenne. Il faut savoir que la dernière deuxième place française remonte à 1997, et à une place de dauphin de Virenque 'derrière Jan Ullrich le tricheur' affirme plein d'aplomb Gégé, oubliant évidemment de mentionner qu'un certain Richard Virenque a été rattrapé par la patrouille une année à peine après cette deuxième place..." Et de conclure en évoquant les "dinosaures" du Service public adoubés par Daniel Bilalian, le patron des sports de France Télévisions...
La réponse de Gérard Holtz
Interrogé sur son lieu de vacances par le site Internet de Télé 7 Jours, Gérard Holtz n'a pas manqué de répondre, parfois énervé, mais non sans humour à cette "attaque personnelle gratuite".
Son altercation avec un membre des forces de l'ordre du plat pays ? "Les policiers ont failli nous mettre par terre avec la caméra. Ça a été absolument incroyable la façon dont ils nous ont bousculés, comme si on était des manifestants. Ils nous ont fait reculer d'un seul coup, de 10 mètres, parce qu'ils faisaient le vide autour du roi des belges. Ça a été tellement soudain et violent qu'on a tous été surpris", explique-t-il. Mais ce qui l'a réellement énervé, c'est lorsque la même scène se reproduit, en direct : "Oui, j'ai dit au policier 'calmez-vous'. On avait le droit d'être sur la ligne. On a été bousculés de façon décalée par rapport à la situation. Que le soi-disant journaliste de la Libre Belgique en prenne ombrage..."
Son utilisation de "jeux de mots puisés dans un répertoire périmé depuis la fin des années nonante" ? "Plusieurs fois, j'ai dit 'formidable, formidable', parce que mon fils m'a offert le CD de Stromae et qu'il y a une chanson qui est comme ça et c'était un clin d'oeil. Après, que le journaliste n'apprécie pas un certain nombre de jeux de mots, que toute la presse utilise..."
Humour et recul
Enfin sur son chauvinisme supposé et l'omission faite de Richard Virenque, lui aussi pris par la patrouille antidopage ? "S'il faut que je fasse la liste de tous les tricheurs de ces dernières années, on n'en sortirait plus", répond-il avec humour.
Au final, Gérard Holtz "prend la critique" dès lors qu'il commet "des erreurs professionnelles" ou s'il est "à côté de la plaque journalistiquement", expliquant que "personne n'est parfait, je ne suis pas parfait". Et d'ajouter : "Mais des critiques violentes, décalées, et à la limite de l'insulte, ça me passe au-dessus de la tête."