Quelque part entre ses six nominations aux Oscars et son aura de sorcière machiavélique, Glenn Close est une des comédiennes les plus remarquables du paysage hollywoodien - mais aussi l'une des plus douces et discrètes.
De retour sous le feu des projecteurs pour Albert Nobbs, qu'elle a coscénarisé et coproduit, l'actrice américaine prouve une nouvelle fois sa curiosité et sa force. Vingt ans après incarné sur les planches cette femme travestie en homme dans l'Irlande du XIXe siècle, Glenn Close et le film de Rodrigo Garcia (Mother & Child) ressortent d'une production houleuse - un financement qui s'est écroulé il y a dix ans et plusieurs changements de casting, dont les départs d'Amanda Seyfried et Orlando Bloom.
Mais à quelques jours de la cérémonie des Oscars, Glenn Close est plus sereine que jamais. De passage à Paris pour présenter un film qui lui tient particulièrement à coeur, l'actrice s'amuse de son étiquette de star hollywoodienne au micro de Nikos sur Europe 1 : "Je n'ai jamais eu l'impression d'être une star. (...) Quand on parle de star de cinéma, j'imagine une personne très entourée, traitée d'une certaine manière et qui gère beaucoup de choses en dehors de son travail. Je n'ai pas ça. Mon entourage, c'est mes deux chiens. Je n'ai jamais vécu à Hollywood. (...) Je pense qu'il y a une manière d'aborder les choses : vouloir apparaître en public ou vouloir être comme tout le monde. C'est mon cas."
Propulsée par son rôle d'hystérique dans Liaison fatale (1987) face à Michael Douglas, Glenn Close est particulièrement attentive à la place de la femme dans la société et profite d'une question sur la série Damages - où elle incarne une avocate redoutable - pour poser une véritable question : "Quand les gens disent que Patty Hewes [son personnages dans la série] est méchante et machiavélique, je me demande toujours s'ils diraient la même chose pour un homme."
Naturellement interrogée sur l'éventualité de remporter l'Oscar de la meilleure actrice face à Meryl Streep, Glenn Close explique : "On en parle beaucoup car, forcément, le choix est réduit à cinq personnes sur toutes les autres actrices. Alors comment peut-on se dire perdant ? J'y vais en me disant 'pourquoi pas ?'. (...) Evidemment, ce serait fantastique, mais je ne m'y attends pas."
Comme la plupart des acteurs américains lancés dans la course aux Oscars, Glenn Close partage ses impressions sur Jean Dujardin, véritable phénomène exporté outre-Atlantique avec The Artist : "Je pense qu'il a charmé le public américain, et je pense qu'il peut gagner. Mon côté cynique dira que oui, ils avaient beaucoup d'argent pour vendre le film, et ça fait partie du processus. Mais je pense qu'il est vraiment charmant, que sa performance est fantastique et qu'il a de grandes chances." Avec une telle connaissance du système hollywoodien, Glenn Close est certainement une vraie star de cinéma - et l'une des plus malignes qui soient.
Albert Nobbs, en salles dès aujourd'hui.