Golshifteh Farahani : ''L'exil, c'est un trou noir. C'est une petite mort''
Publié le 9 février 2013 à 09:30
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Golshifteh Farahani en couverture de Madame Figaro - 8 février 2013 Golshifteh Farahani en couverture de Madame Figaro - 8 février 2013
Golshifteh Farahani le 16 octobre 2012 à Abu Dhabi
Golshifteh Farahani lors de la Mostra de Venise 2011
Golshifteh Farahani le 16 octobre 2012
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Un regard félin, des traits d'une finesse infinie, l'actrice iranienne Golshifteh Farahani possède un visage d'une beauté éblouissante. Il cache néanmoins des blessures, celles que son exil a provoquées. Nées sur les terres perses, elle a quitté son pays après avoir provoqué la colère de la République islamique d'Iran. Les autorités n'ont pas supporté de la voir dans un film américain, Mensonges d'Etat (de Ridley Scott avec Leonardo DiCaprio) et qui plus est sans voile. L'héroïne d'A propos d'Elly a choisi de partir. Pour le magazine Madame Figaro, elle revient sur sa passion pour le cinéma comme sur son existence d'exilée.

Dans son pays, Golshifteh Farahani est une star. C'est même Liz Taylor selon la réalisatrice Marjane Satrapi qui l'a dirigée et magnifiée dans Poulet aux prunes. Aujourd'hui, elle dévore l'écran par son talent et sa beauté dans le film d'Atiq Rahimi tiré de son propre livre, Syngué, Sabour. Mais si elle est une vedette, rien ne lui est tombé tout cuit dans la paume des mains : "Je me suis battue pour obtenir le rôle. Si je ne l'avais pas eu, je l'aurais déclamé dans la rue." Elle a 30 ans et compte désormais parmi les actrices que l'on rêve de voir à travers sa caméra et sur un écran. Elle a d'ailleurs fait partie de la promotion des Révélations des César 2012, osant même se dévoiler nue.

Golshifteh vient d'un pays nourri de contractions, l'Iran, et vit désormais loin de lui. Fuyant les autorités qui la considéraient comme une traître pour avoir tourné dans une production américaine, les cheveux à découvert, elle s'enfuit, profitant d'une faille dans le système de contrôle : "Les dictatures heureusement ne sont pas toujours infaillibles." Son départ a un prix : "Je ne possède plus la maison à deux étages avec le joli jardin de mon enfance. L'exil, c'est aussi un trou noir. C'est tout perdre. C'est tout recommencer, c'est une petite mort. Moi, je la transforme en petite mue. Je veux être joyeuse."

Joyeuse malgré son vécu. Un père, acteur et metteur en scène en cavale car opposant au Shah, puis à l'ayatollah Khomeini. Une mère qui lui a appris à ne pas montrer sa peur. De quoi forger un caractère. En Iran, rien n'a été simple, mais elle se débrouillait : "A dire que l'on est en prière toute la journée, qu'à la maison on ne boit pas d'alcool et qu'on n'écoute pas de rock. Mais, avec mes frères, on a quand même organisé plein de surprises-parties ! Si la police intervenait, on avait le choix entre recevoir des coups de fouet et payer une amende. Alors on payait l'amende."

Aujourd'hui, la comédienne revendique le droit d'être joyeuse : "C'est la moindre des politesses quand on est encore en vie, non ?" Elle se dit nomade mais précise "une nomade de luxe". Et de son exil, elle a tiré des forces : "L'exil ne peut pas avoir que des inconvénients : j'ai recréé une famille d'amis dans chaque ville."

Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine "Madame Figaro" du 8 février

"Syngué Sabour – Pierre de patience", en salles le 20 février
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