Jamais Hayden Panettiere n'avait vu, en six ans de relation, le colosse de son coeur battu sur le ring ; jamais le monde de la boxe n'avait vu Wladimir Klitschko s'incliner en plus de onze années : son règne exceptionnel a pris fin sous les coups féroces d'un drôle d'énergumène autoproclamé "roi des Gitans", un clown finalement talentueux...
Tyson Fury - Tyson, comme un certain Mike, et Fury, qui se passe de traduction : voilà bien un nom, quasiment digne d'un super-héros, à faire trembler le plus vaillant des adversaires. Trop clinquant pour être vrai ? Ce n'est pas ce que disait le visage du champion ukrainien, déchu samedi soir à Düsseldorf de son titre de champion du monde WBA/IBF/WBO...
Deux jours plus tôt, l'impressionnant Wladimir Klitschko, 39 ans, ne tremblait pourtant pas, ni ne cillait, ni ne souriait d'ailleurs, parfaitement impassible et perplexe devant son challenger au comportement bravache de matamore : lors d'une conférence de presse d'avant-match, Tyson Fury, paradant sur un ring au pied duquel son rival était assis, s'était mué en... chanteur, se lançant dans une reprise d'un standard de Bette Midler, Wind Beneath My Wings. A cappella. Et, à dire vrai, le fantasque Britannique de 27 ans, donné comme un bon faire-valoir mais certainement pas comme un potentiel nouveau roi de la catégorie reine, a plutôt un beau brin de voix. Chambreur, il avait naturellement pris le soin de customiser un peu les paroles, déclamant dans sa romantique interprétation : "C'est toi qui avais toute la gloire / C'est moi qui aurai toutes les ceintures."
Le soir fatidique venu, pas moins de 50 000 personnes avaient pris place dans l'Esprit Arena pour suivre ce combat au terme duquel l'Ukrainien allait certainement triompher. Sa fiancée américaine, l'actrice Hayden Panettiere, starisée par la série Heroes dans laquelle elle jouait l'immortelle Claire Bennet, était comme souvent présente au premier rang, tout au bord du ring, avec un drapeau ukrainien : tout sourire et glamour auprès de Natalia Klitschko, bien malin qui aurait pu deviner que la blondinette de poche a révélé cet automne traverser une terrible dépression post-partum, suite à la naissance en décembre 2014 de sa fille Kaya, fruit de son amour avec Wladimir. Mise sous traitement en octobre, Hayden a-t-elle réussi à remonter la pente ? Son chéri, lui, a mordu la poussière...
Les pronostiqueurs n'avaient pas compté sur le grain de folie de cet étonnant boxeur britannique qui se présentait avec un bilan de 25 victoires (dont 18 avant la limite) et aucune défaite depuis son passage en pro en 2008. Encore modeste, certes, par rapport à celui du champion en titre (64 victoires, dont 54 avant la limite, pour 3 défaites avant leur combat)... Et pourtant, après avoir défendu avec succès son titre de champion du monde des lourds face à 18 challengers, la 19e fois aura été fatale à Wladimir Klitschko, dépassé tout au long de la rencontre par la fougue de son adversaire, battu aux points à l'unanimité des juges et dépossédé de sa ceinture de champion du monde WBA-IBF-WBO. Sa dernière défaite remontait à avril 2004, et celle-ci et sa première sur décision des juges.
Le combattant ukrainien, le visage très marqué, a quitté la salle "soutenu" par sa fiancée. En conférence de presse, il a reconnu son infériorité, se projetant d'ores et déjà vers une revanche à laquelle il a contractuellement droit : "Il était incroyablement agile, je n'ai pas pu porter mes coups et n'ai pas trouvé la clé. Je savais que j'avais besoin d'un KO en fin de combat. Une revanche s'impose, cela ne fait aucun doute."
De son côté, Tyson Fury, savourant "un rêve devenu réalité", est revenu à la raison : "Tu es un super champion Wlad (Klitschko), merci beaucoup pour m'avoir accordé cette chance. (Les provocations d'avant combat) c'était pour le plaisir, le jeu pour faire monter la sauce. Je voulais juste être confiant, jeune et effronté", a expliqué le Mancunien aux origines irlandaises à propos de ses multiples vannes des jours précédents, genre "Klitschko a autant de charisme que mon slip !". Moins humble, il a aussi lâché : "C'est le début d'une nouvelle ère. Je serai le champion le plus charismatique depuis Mohammed Ali."
Enfin, toujours aussi porté sur la chansonnette, Tyson Fury a profité de son exploit inattendu - sauf pour lui, qui avait parié presque 300 000 euros sur sa victoire ! - pour chanter la sérénade - signée Aerosmith - à sa femme Paris, qui lui avait annoncé la veille qu'elle était enceinte de leur troisième enfant.