Daniel Cordier, l'avant-dernier Compagnon de la Libération, est mort à l'âge de 100 ans, a appris l'AFP ce vendredi 20 novembre, de source gouvernementale. Un hommage national va lui être rendu. Nul doute qu'on y verra le chanteur Hervé Vilard.
A l'annonce de sa mort, le président de la République Emmanuel Macron lui a rendu hommage sur Twitter. "Daniel Cordier, le résistant, le secrétaire de Jean Moulin, s'en est allé. Quand la France était en péril, lui et ses compagnons prirent tous les risques pour que la France reste la France. Nous leur devons notre liberté et notre honneur. Nous lui rendrons un hommage national", a écrit le chef de l'Etat. Un seul Compagnon de la Libération est encore vivant, Hubert Germain, lui aussi centenaire. Il est prévu que le dernier des Compagnons qui décèdera sera inhumé au Mont-Valérien, le principal lieu d'exécution de résistants et d'otages par l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale.
Daniel Cordier, né le 10 août 1920, avait rallié la France Libre fin juin 1940 à Londres. A l'été 1941, il avait été nommé au service "Action" du Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), les services secrets des Forces françaises libres (FFL). Parachuté en France en 1942, il était embauché comme secrétaire par Jean Moulin à Lyon et reste au service de cette figure de la Résistance jusqu'à l'arrestation de ce dernier en juin 1943. Pourchassé par la Gestapo, il retourne en Angleterre et continue de travailler pour le BCRA. Marchand de tableaux d'art contemporain et galeriste réputé après la guerre, il a donné des centaines d'oeuvres au Musée Georges-Pompidou. En 1983, il a publié une colossale biographie de Jean Moulin.
Daniel Cordier était aussi lié à un autre homme connu : le chanteur Hervé Vilard. Il était devenu son tuteur légal. Dans les années 1960, alors qu'il était un enfant errant dans les rues de Paris, échappé d'un orphelinat, il avait fait la rencontre d'un peintre de rue qui lui avait présenté Daniel Cordier à une exposition. Ce dernier l'avait pris en affection et lui avait promis qu'il le ferait sortir de sa misère. "Daniel Cordier tient parole et devient mon tuteur. Mon destin bascule. Je déjeune à sa table, entouré des grands de ce monde (...) Il me trouve un emploi de disquaire sur les Champs-Elysées, me fait prendre des cours de chant", lisait-on en 2015 dans Paris Match. Quant à France Info, le site rappelait que c'est pour lui "qu'Hervé Vilard allait écrire la chanson qui allait lancer sa carrière, Capri, c'est fini, tube de l'été 1965."