Le tremblement de terre qui secoue l'industrie du cinéma américain n'est pas près de s'arrêter. Les témoignages d'actrices victimes de harcèlement ou d'agressions se multiplient et pas seulement à l'encontre du producteur et distributeur Harvey Weinstein. Le réalisateur James Toback fait désormais partie de la liste des prédateurs révélés au grand jour. Le scandale se répand à Hollywood et pourrait également braquer les projecteurs sur les accusations de pédophilie.
Je me suis sentie comme une prostituée.
Près d'une quarantaine de femmes ont accusé, dans les colonnes du Los Angeles Times, le réalisateur américain James Toback (72 ans) de harcèlement et d'agressions sexuelles, commises sur plusieurs décennies. Promettant à des jeunes femmes qu'il croisait dans la rue une carrière d'actrice, il leur posait des questions sur leur vie sexuelle puis les forçaient à le regarder se masturber et éjaculer devant elles. "Je me suis sentie comme une prostituée, une honte pour moi-même, mes parents, mes amis. Et je ne méritais pas d'en parler à quiconque", a expliqué l'actrice américaine Adrienne LaValley, affirmant qu'en 2008 James Toback s'était frotté contre elle avant d'éjaculer.
Le metteur en scène et scénariste n'a pas voulu réagir. S'il a signé des films au succès d'estime relatif (Bugsy), on lui doit Mélodie pour un tueur, long métrage de 1978 qui a inspiré De battre mon coeur s'est arrêté de Jacques Audiard. Son film le plus récent, The Private Life of a Modern Woman, a été présenté au festival du film de Venise. Le rôle principal est tenu par Sienna Miller. La star britannique ne s'est pas exprimée sur le sujet Toback mais, à la lumière du scandale Weinstein, elle a publié un post sur Instagram montrant toute sa solidarité avec les victimes de l'ancien magnat.
Depuis longtemps, Corey Feldman (Les Goonies, Stand By Me, Les Gremlins...) alerte l'opinion sur les crimes pédophiles qui ont lieu à Hollywood. L'acteur et musicien de 46 ans espère que la parole qui se libère dans le milieu permettra aux victimes de pédophile de s'exprimer également.
Corey Feldman clame depuis des années avoir été victime d'abus sexuels lorsqu'il était un enfant acteur, tout comme son ami aujourd'hui décédé Corey Haim. "Je suis heureux que les gens parlent et j'espère que d'autres prendront la parole publiquement car il y a beaucoup d'autres témoins des crimes dont je parle. (...) Je prépare un plan qui pourrait être une façon de mettre en lumière la situation. Si j'arrive à trouver une manière d'obtenir justice", a-t-il tweeté jeudi 19 octobre.
Ses propos ont été largement relayés dans la presse : le site Page Six a notamment titré ce week-end "Corey Feldman essaie d'obtenir enfin justice" ; de son côté, le cinéaste oscarisé Paul Haggis a interrogé dans The Guardian : "Est-ce que les gens protégeaient également les pédophiles" à Hollywood ?
La semaine dernière, le Hollywood Reporter affirmait qu'un agent d'acteurs, Tyler Grasham, avait été mis en congé par l'agence APA dans le cadre d'une enquête interne concernant des accusations d'agressions sexuelles sur de jeunes acteurs. L'actrice Reese Witherspoon a déclaré avoir été abusée par un réalisateur lorsqu'elle avait 16 ans. Deux nouvelles femmes sont par ailleurs sorties de l'ombre pour accuser le réalisateur franco-polonais oscarisé Roman Polanski de les avoir agressées sexuellement au début des années 1970 lorsqu'elles avaient respectivement 10 et 15 ans. "Les seuls faits qu'on peut lui reprocher sont ceux qui concernent Samantha Geimer qu'il a reconnus dès sa première audition il y a quarante ans (...) Il conteste toutes les autres accusations sans fondement dont il a fait l'objet", a toutefois réagi lundi l'avocat du cinéaste, Hervé Temime, joint par l'AFP.