Hugh Grant ouvre son coeur de papa pour la première fois

Cela faisait seize ans que Hugh Grant n'avait pas accordé une interview à un journal pour la promotion d'un film. Le comédien britannique a des relations houleuses avec la presse de son pays, et plus précisément les tabloïds. Il fait une exception pour The Guardian, quotidien qu'il considère comme brillant, précisant : "Je ne veux pas qu'on dise : regardez, il utilise les médias et l'histoire du piratage d'informations privées [le scandale News of the World] pour faire parler de lui."

Dans cet entretien exceptionnel, l'acteur parle de sa carrière, souvent critiquée pour ses choix peu audacieux et souvent cantonnés à l'univers romantique. Les choses vont changer avec Cloud Atlas de Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowsky puisqu'il y joue six personnages qu'il a décrits au magazine Empire comme "le mal incarné". Avant cela, il sera la voix du personnage principal dans le film d'animation Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout. Sur son parcours professionnel, Hugh Grant donnera au Guardian sa vision des choses : "La seule motivation de ma carrière repose sur ma capacité a reconnaître et classer les priorités dans ce qui est divertissant. Beaucoup d'acteurs lisent un script en pensant : en quoi cela va m'épanouir en tant que comédien ? De mon côté, je réfléchis tout simplement à : ai-je envie de tourner la page ? Cela va-t-il faire rire le public ?" Celles et ceux qui attendent le retour de Bridget Jones pour un troisième épisode devront être patients, puisque le scénario est seulement en cours d'écriture.

Hugh Grant accepte d'aborder avec The Guardian le sujet qui a défrayé la chronique au mois de septembre : la naissance de son enfant, une fille, née d'une idylle éphémère avec une actrice chinoise de 32 ans, Tinglan Hong. "Je n'aurais pas dû aller à la maternité du tout, car cela a draîné trop d'attention sur la mère. Mais je n'ai pas pu résister, donc je m'y suis rendu le deuxième jour." Il fait part de sa réaction de jeune papa : "Je me suis senti empoté quand j'ai vu ma fille pour la première fois." A présent, grâce à une injonction du tribunal, il peut lui rendre visite sans avoir à affronter une horde de paparazzi. "Sans cette injonction, la mère de ma fille serait certainement retournée en Chine. C'est une femme bien, une bonne personne, intelligente, maligne, bonne mère. Elle a vraiment été maltraitée par les médias."

Peu enclin jusqu'ici à jouer les papas - il avait un jour déclaré ne supporter les bébés que quatre minutes -, a-t-il changé d'avis aujourd'hui ? "Beaucoup de personnes m'ont dit : ne le dis jamais à personne, mais la période bébé n'est pas très excitante. Mais je suis enthousiaste, en réalité. J'aime beaucoup ma fille. A-t-elle changé ma vie ? Je ne suis pas sûr. Pas encore. Mais je suis très heureux de l'avoir, vraiment." Souvent considéré comme un égocentrique, à l'image de son personnage dans Pour un garçon, Hugh Grant précise qu'à présent, il pense moins à lui et rien qu'à lui. Ajoutant qu'il doit aussi s'occuper d'autres personnes dans sa famille : "J'ai un père âgé qui n'est pas très en forme en ce moment, donc ça n'a jamais été que moi, moi et moi."

Dans l'interview, il dévoile le nom de sa fille. Elle possède un prénom anglais, Tabitha, le même que celui de l'une des jumelles de Sarah Jessica Parker, sa partenaire dans Où sont passés les Morgan ?, et un prénom chinois. L'acteur a d'ailleurs reçu un livre de chinois pour débutants : "Je connais des gros mots en chinois, mais ils ne sont pas vraiment appropriés pour un bébé." Il évoque également son sentiment de fierté au moment où il a acquis le statut de père : "Hier, j'ai emmené ma fille voir mon père qui est à l'hôpital, et toutes les infirmières étaient en admiration devant elle. Et je me suis senti fier."

Hugh Grant est prêt à assumer son rôle de papa, mais n'en dévore pas pour autant les ouvrages consacrés à l'éducation parentale. Il y a des principes auxquels il ne dérogera pas, néanmoins : les bonnes manières, apprendre à ne pas être égoïste et la discipline... "Je suis très content d'avoir eu une mère plutôt stricte, très à cheval sur la discipline. Pas du genre à dire : 'Oh, si tu n'en as pas envie, ne le fais pas, exprime-toi...' Je ne suis pas très client de ce type de comportement. Surtout dans le showbusiness, où il faut 5% d'inspiration et 95% de transpiration et de discipline. On ne peut rien faire sans." Hugh Grant, comme vous ne l'avez jamais lu pour The Guardian.