L'indécence ayant des limites, Ingrid Betancourt a refusé, comme annoncé par son service de communication samedi, une offre d'indemnisation émanant de la France pour réparation des préjudices liés à son enlèvement et sa détention par les Farc de Colombie de 2002 à 2008.
Il eut en effet été difficilement concevable, ne serait-ce que d'un point de vue diplomatique, que la Franco-Colombienne accepte la somme (d'un montant indéterminé) proposée par le gouvernement français après avoir outragé l'Etat colombien : la semaine passée, elle avait suscité une indignation galopante dans le pays sud-américain dont elle brigua jadis la présidence en réclamant via une conciliation extrajudiciaire un dédommagement de 5,5 millions d'euros (13 milliards de pesos), tenant le gouvernement colombien pour responsable de son rapt et sa séquestration.
Devant le tollé provoqué par sa démarche, perçue en Colombie comme une marque de plus de son ingratitude, Ingrid Betancourt avait choisi de s'expliquer publiquement depuis New York pour se justifier, dans une allocution larmoyante qui n'a semble-t-il pas spécialement apaisé les tensions ni adouci ses nombreux détracteurs.
Mais, si elle a repoussé l'offre de la France, l'ex-otage a tout de même obtenu une victoire importante à ses yeux : "la reconnaissance de son droit à une réparation". C'est en effet derrière une volonté "d'ouvrir un chemin pour l'indemnisation des victimes" qu'elle s'était retranchée lorsque l'affaire avait créé la polémique en Colombie.
Ingrid Betancourt "renonce à l'offre du Fonds de garantie des Victimes et remercie l'Etat français d'avoir reconnu généreusement son droit à une réparation", stipule le communiqué. "Généreusement" : s'agit-il du montant, et/ou d'une bienveillance particulière de la France de son égard ?
La suite du communiqué précise : "Ayant renoncé à entamer une sollicitation d'indemnisation en Colombie, Ingrid Betancourt tient à agir en conséquence avec la France qui l'a soutenue grandement pendant les six années de sa séquestration et de sa libération".
Encore une illustration criante de l'ambiguïté patente de l'image de Mme Betancourt... surtout que d'après le JDD de ce jour, l'indemnisation proposée par la France était de 450 000 euros et que Betencourt l'aurait dans un premier temps refusée... la jugeant insuffisante !
G.J.