Ingrid Betancourt est de retour dans les médias pour défendre La Ligne bleue, son premier roman. À cette occasion, le supplément magazine du Parisien a eu la grande idée d'une interview croisée de l'ex-otage des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) avec ses enfants, dont elle a été séparée de février 2002 à juillet 2008. Au moment de son enlèvement, Lorenzo avait 13 ans, sa grande soeur, Mélanie, 16. Désormais adultes, de nouveau réunis avec leur mère depuis six ans, les deux jeunes gens évoquent leurs retrouvailles et lui témoignent tout leur amour.
Dans une récente interview à Version Femina, la Colombienne confiait combien il avait été difficile de renouer des liens avec ses enfants, particulièrement avec son fils. "J'ai dû faire un travail pour me mettre à leur diapason, confie Ingrid Betancourt au Parisien Magazine. J'avais raté plein de choses. (...) Avec Lorenzo, c'était plus compliqué. Ce n'étais plus mon enfant, mais un jeune homme qui prenait ses décisions." Ce qu'a envie de dire Lorenzo, aujourd'hui 25 ans, à sa mère, c'est justement qu'elle a su trouver les mots : "Quand on s'est retrouvés, il y a eu tout de suite énormément de dialogues. C'était ce dont j'avais besoin. (...) Tu as eu les bonnes réactions. Je te le dis aujourd'hui." Quand Mélanie évoque ses retrouvailles, on devine entre les lignes une certaine appréhension : "Toutes les retrouvailles au cinéma ou dans n'importe quel livre me font pleurer. Mais quand on a attendu quelqu'un aussi longtemps et que l'on s'est peut-être dit que cela n'arriverait jamais, les mots ne sont pas suffisants. Ce qui rendait la chose réelle, c'était de pouvoir se toucher."
Grâce à l'influence de sa mère, Lorenzo abandonne ses études de droit et quitte la France pour étudier la musique au prestigieux Berklee College à Boston, la même école qu'a fréquentée Lulu Gainsbourg. "Ma mère continue de m'aider pour les grandes décisions, dit Lorenzo dans le Parisien Magazine. Elle m'a encouragé à suivre mon rêve, à ne pas me contenter d'être terre à terre, avec un boulot convenable, sans sortir du cadre." Mélanie, 28 ans, aussi a suivi son rêve, celui de faire de cinéma. Fraîchement diplômée d'une université new-yorkaise, elle vient de rentrer à Paris. Son grand projet, pour le moment, c'est son mariage, le 15 août, avec un Argentin qu'Ingrid Betancourt apprécie beaucoup.
Dans cette interview, Betancourt tient également à parler de Sébastien, le grand demi-frère de Mélanie et Lorenzo, dont le père est son premier mari, Fabrice Delloye. Sébastien a 4 ans et demi quand il entre dans la vie d'Ingrid. Elle pense beaucoup à lui durant sa captivité : "Je sentais que je ne lui avais pas suffisamment dit combien je l'aimais." Dans les derniers mois de sa prise d'otage, elle lui écrit une lettre qui arrive jusqu'au jeune homme, un miracle. "Sébastien a pu la lire. C'était comme un testament."
Ce que retient aujourd'hui Ingrid Betancourt de ces retrouvailles, c'est le cadeau que lui a fait la vie : "Ce qui a été extraordinaire pour moi, c'est de revenir et constater que mes enfants (...) étaient des êtres pleins de lumière. Sans rancune, sans amertume, sans esprit de vengeance, mais avec de la joie de vivre."
L'intégralité de cette interview d'Ingrid Betancourt et ses enfants est à lire sur le site du Parisien.