Le 2 juillet 2008, Ingrid Betancourt et quatorze autres otages étaient libérés. L'ancienne candidate à la présidentielle a passé plus de six ans en pleine jungle sous le joug des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Ce calvaire, elle l'a raconté en détail en 2010 dans un livre intitulé Seul le silence a une fin. Elle revient ses jours-ci avec un premier roman, La Ligne bleue, toujours chez Gallimard, sur le sort de militants politiques traqués durant la dictature militaire en Argentine dans les années 1970. L'Argentine est un pays qui lui tient à coeur, notamment parce que sa fille épousera prochainement un Argentin.
Dans une interview passionnante accordée au magazine Notre temps, l'ex-femme politique évoque ce lien avec l'Argentine : "C'est un pays que j'aime, que j'ai adopté et qui ressemble beaucoup à la Colombie. Les Argentins ont été très actifs pour ma libération. Et ma fille Mélanie va épouser un Argentin." Très médiatisée pendant la captivité de sa mère, cette dernière a étudié le cinéma à la New York University et avait notamment le projet d'un court métrage avec Elodie Bouchez. Elle a un petit frère, prénommé Lorenzo. Leur père est le premier mari d'Ingrid Betancourt, Fabrice Delloye, dont elle a divorcé en 1990.
Aujourd'hui, Ingrid Betancourt partage son temps entre plusieurs pays. "Même si je vis souvent en Angleterre, près de ma fille, je viens en France régulièrement. J'aime ce pays qui est une source de guérison, un baume. Je m'y sens chez moi. La Colombie, c'est un chez moi qui fait encore mal. Toutes mes blessures ne sont pas cicatrisées." Ingrid Betancourt se dit désormais à la retraite : "Et j'ai la chance de faire ce que je veux. Je donne des conférences partout dans le monde, j'écris et je poursuis mes études de théologie." Des études entamées en 2010 à Oxford.
À son retour de captivité, l'ex-otage des Farc a quitté Juan Carlos Lecompte, son deuxième époux. À sa descente d'avion, elle l'a snobé devant les médias du monde entier. Leur divorce a été finalisé en décembre 2011. Cette mise à l'écart immédiate, dès sa liberté retrouvée, Juan Carlos ne l'a sans doute jamais comprise. Une page est tournée, mais comment rattraper le temps perdu, expliquer, s'entendre... À nos confrères de Notre temps, Ingrid Betancourt confie que ses enfants ont compris ses choix, "par touches, peu à peu". Mais un énorme point d'interrogation demeure dans leur existence à tous les trois : "Je ne sais pas du tout ce qui leur est arrivé en mon absence et ils ne sauront jamais tout ce qui m'est arrivé, observe Ingrid Betancourt. Nous restons fragiles."
Ingrid Betancourt : "J'ai pardonné". Une interview du magazine Notre temps, en kiosques le 16 juin 2014.