L'humour de Jacques Chirac aurait-il coûté à Paris l'attribution des Jeux olympiques 2012 ? C'est en tout cas ce que rapporte l'ex-athlète anglais Sebastian Coe, président du comité d'organisation des JO 2012 de Londres, dans ses mémoires. Dans cet ouvrage intitulé Running My Life ("Courir ma vie") et dont le Times publie des extraits aujourd'hui, il rapporte que lors d'une réception cruciale pour l'attribution de l'événement, à Singapour en 2005, Jacques Chirac s'est attiré les foudres de Cherie Blair, compagne de l'ancien Premier ministre anglais Tony Blair, à cause d'une blague sur la gastronomie britannique. L'ex-président Français avait alors dû précipitamment quitter les lieux sans avoir eu la possibilité de convaincre les responsables du CIO de choisir la candidature de Paris...
Selon Sebastian Coe, Mme Blair a hurlé "comme un putois" sur Jacques Chirac : "J'ai vu Cherie se diriger comme la tête chercheuse d'un missile vers la délégation française", raconte le double médaillé d'or olympique sur 1 500 mètres (1980 et 1984) dans Running My Life. "Au dessus du brouhaha, sa voix a résonné haut et fort. 'D'après ce que j'ai compris, vous avez dit des choses grossières à propos de notre nourriture'", lui a-t-elle lancé, pendant que Tony Blair, apparemment conscient du grabuge, s'éloignait. La "blague" incriminée avait été racontée par Jacques Chirac trois jours plus tôt, lors d'un sommet du G8 en Écosse. L'ex-président Français aurait en effet expliqué au leader russe Vladimir Poutine et au chancelier allemand Gerhard Schroeder : "Vous ne pouvez pas vous fier à un peuple qui cuisine aussi mal que ça. (...) Après la Finlande, c'est (la Grande-Bretagne) le pays qui propose la plus mauvaise nourriture", avait-il lâché.
Le départ d'un Jacques Chirac embarrassé avait alors laissé davantage de temps à Tony Blair pour convaincre le CIO, ce qu'il était finalement parvenu à faire. Favorite avant cette réunion à Singapour, Paris avait en effet été battue par Londres lors du vote final (54 voix à 50), provoquant une immense déception dans le camp français.