Jacques Rançon fait de nouveau l'actualité en raison de son procès en appel pour le viol et le meurtre en 1986 d'Isabelle Mesnage, 20 ans. L'ancien cariste-magasinier de 62 ans avait été condamné en première instance à trente ans de réclusion criminelle. En 2018, celui qui est surnommé le tueur de Perpignan avait déjà été devant la justice pour d'autres faits : pour avoir violé et tué deux femmes en 1997 et 1998. Il lui était aussi reproché d'avoir tenté d'en violer une autre et d'en avoir laissé une quatrième pour morte. Lors du procès, il avait été confronté à l'un de ses fils, Damien (le prénom a été modifié). Une rencontre douloureuse durant laquelle la personnalité ignoble et contrariée du meurtrier a émergé.
Plusieurs personnes ont du affronter à la barre Jacques Rançon et ses avocats lors de son procès en 2018 pour des faits qui remontent à vingt ans plus tôt. Parmi celles-ci, son fils aîné. Le site Slate avait retracé cet épisode difficile. Grand jeune homme au "teint diaphane et les cheveux blonds péroxydés". Il a repris contact avec son père biologique à l'âge de 25 ans par le biais de la compagne de Jacques Rançon, Lolita : "Elle m'a demandé si je voulais voir mon père, alors je suis descendu à Perpignan. Je suis resté quinze jours, trois semaines, avec lui, Lolita et les deux enfants. Surtout Lolita et les deux enfants."
Un jeune homme qui avait déjà vu son père au parloir, avait confié sa mère à la barre : "Pas de gaieté de coeur, mais parce qu'elle sentait qu'il en avait besoin. Elle a tenté de l'en dissuader." Le garçon avait besoin de comprendre. Quelques lettres ont été échangées. Rien de plus. "Je n'avais pas d'attente existentielle, donc il n'y a pas eu de chute", précise le fils de Jacques Rançon qui n'a pas voulu le revoir quand il a été recontacté, plus grand : "C'était trop tard."
C'est alors que le président de l'audience pose une question choquante au jeune homme. Dans un premier temps, il lui demande si son père a bien pris le fait qu'il soit homosexuel. Il répond simplement : "Plutôt bien. Il m'a dit que lui ce n'était pas son truc, et voilà." Puis, le magistrat lui dit : "Vous saviez, c'est dans le dossier, qu'il avait demandé à Lolita de coucher avec vous pour, disait-il, vous remettre dans le droit chemin ?" Devant l'assistance, le fils de Jacques Rançon répond par la négative et précise que sa "belle-mère" n'a rien tenté du tout. Quand il fait part de son sentiment en voyant le tueur à la télévision, il explique, la voix sanglotante, avoir de la peine "pour les personnes qui ont subi ça" et "de l'incompréhension pour tout le reste".
Entendre l'accusé clamer "J'ai tout loupé, j'ai loupé..." concernant sa relation avec son fils lui est insupportable. "Est-ce que je suis obligé d'écouter la suite ? Est-ce que je suis obligé d'entendre la totale ?" déclare-t-il. Il a désormais changé de nom, sa mère ayant saisi le juge aux Affaires Familiales après ce procès afin qu'il puisse se débarrasser de ce patronyme si lourd à porter. Il ne peut y avoir qu'un seul Rançon, et c'est "une personne ignoble", explique la mère de Damien qui a été compagne durant cinq ans de ce meurtrier.