À peine sa séparation de Valérie Trierweiler annoncée, François Hollande va-t-il devoir faire face à une nouvelle polémique ? Libération évoque en effet dans son édition du jour, lundi 27 janvier, l'étonnant recrutement du fils du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, Thomas, par le président de la Société nationale immobilière (SNI). Malgré une faible expérience, le jeune homme de 29 ans vient ainsi d'être nommé à de très hautes (et démesurées ?) fonctions au sein de cette filiale de la Caisse des dépôts, une entité publique. Une façon pour André Yché, le président de ladite entité, de consolider sa place, selon certains...
Un CV peu fourni
Sur un siège éjectable encore récemment, André Yché a-t-il trouvé la solution pour rester à son poste ? C'est ce que beaucoup pensent à la SNI depuis le début de l'année et l'annonce du recrutement de Thomas Le Drian en tant que "chargé de mission auprès du président du directoire de la SNI" et "directeur du contrôle de gestion d'Efidis", une des principales sociétés du groupe, comme le rappelle Libération. "C'est pour assurer ses arrières, montrer qu'il sait rendre des services", croit ainsi clairement comprendre un cadre de la filiale de la Caisse des dépôts, où le fils d'un des ministres les plus populaires (51% de satisfaits) sera même au comité exécutif, qui comprend seulement... 13 membres et dont des hauts cadres ne font même pas partie.
Cette nomination a donc tout pour surprendre. D'abord, Thomas Le Drian ne semble à première vue par le mieux placé pour occuper de telles fonctions. À 29 ans, le fils du ministre de la Défense est depuis cinq ans diplômé de l'ISC Paris, une école de commerce à la "réputation moyenne" selon le quotidien, et ne dispose pas d'une grande expérience dans le domaine du HLM, avec un passage dans une entreprise de transport maritime, puis dans un cabinet de conseil avant d'être recruté en tant que conseiller du directeur général de la Caisse des dépôts à l'élection de François Hollande. Un cas qui rappelle selon certains la candidature avortée de Jean Sarkozy pour prendre la tête de l'Epad et qui pourrait faire de Thomas Le Drian un nouveau fils de ministre plutôt embarrassant, aux côtés du dépensier Thomas Fabius et du fils de Marisol Touraine, emprisonné à la Santé...
André Yché, un président sur la sellette
Autre fait troublant, André Yché était annoncé sur le départ avec l'arrivée de la gauche au pouvoir. Le président de la SNI était en effet dans le viseur de nombreux socialistes pour avoir soumis à Nicolas Sarkozy, alors président, l'idée de "marchandiser" les HLM. Dans une "note blanche" - sans en-tête - transmise au chef de l'État et révélée par Libération en janvier 2010, André Yché évoquait notamment les 10 milliards d'euros que pourraient rapporter la cession de 200 000 logements sociaux sur dix ans. Un crime de lèse-majesté qui aurait dû lui coûter sa place avec l'arrivée au pouvoir de la gauche. Celle qui avait pourtant nommé cet ancien élève de l'École supérieure de guerre aérienne et ex-directeur adjoint du cabinet civil et militaire d'Alain Richard ministre (PS) de la Défense, à la tête de la SNI, en 1999...
Mais André Yché aurait donc réussi à sauver sa peau. Libération rappelle ainsi que Jean-Yves Le Drian lui a personnellement remis la médaille de l'ordre du Mérite cet été, six mois avant que son fils ne soit recruté. Simple coïncidence ? Si, contactés par le quotidien, les principaux concernés ont refusé de faire de commentaires, un porte-parole de la SNI a tenté de justifier tant bien que mal la nomination de Thomas Le Drian qui a "travaillé à la constitution d'une communauté du logement à la Caisse des dépôts" pendant un peu plus d'un an. Pas sûr que cette défense convaincra les sceptiques...