Huit ans après son licenciement de la Société générale pour avoir fait perdre à son entreprise, selon elle, la somme astronomique de 4,9 milliards d'euros, Jérôme Kerviel obtient un début de victoire... au civil. L'ancien trader avait attaqué la banque devant le conseil des prud'hommes de Paris, qui lui a donné raison. Pour l'instant.
Comme l'annonce l'AFP, le conseil des prud'hommes a condamné, mardi 7 juin 2016, la Société générale à payer plus de 450 000 euros à Jérôme Kerviel pour l'avoir licencié sans "cause réelle ni sérieuse" et dans des conditions "vexatoires". La banque affirmait que son licenciement était lié à ses agissements du temps où il était employé, sauf que les prud'hommes a estimé que le licenciement début 2008 était intervenu pour "des faits prescrits" et a souligné que la Société générale avait connaissance des dépassements effectués par Jérôme Kerviel quant aux limites imposées aux opérations de marché "bien avant" de lui signifier son licenciement le 18 janvier 2008.
Par conséquent, le conseil des prud'hommes a notamment accordé à l'ancien trader le paiement d'un bonus de 300 000 euros pour l'année 2007, jugeant qu'à l'époque, la banque était "parfaitement au courant de ses opérations fictives" qui ont généré des profits pour le groupe. En outre, s'ajoutent à cette somme diverses indemnités, dont une pour les "conditions vexatoires" du licenciement, des congés payés et des dommages et intérêts, la somme s'élève à quelque 455 000 euros, dont plus de 80 000 payables immédiatement selon l'avocat de M. Kerviel, Julien Dami Lecoz. Du côté de la Société générale, représentée par Arnaud Chaulet, on se montre furieux de cette décision et l'avocat a donc annoncé qu'il ferait appel.
Jérôme Kerviel (39 ans) avait été condamné au pénal à cinq ans de prison dont trois ferme. Il avait toutefois pu porter un bracelet électronique pour les huit derniers mois de sa peine, en 2014. Il l'a ôté en juin 2015.
Thomas Montet