Après plus d'une centaine de jours de détention, Jérôme Kerviel a quitté la prison de Fleury-Mérogis. L'air fatigué, selon l'AFP, vêtu d'un pull noir en V sur un T-shirt blanc, l'ex-trader a retrouvé la liberté peu après 8h30 ce lundi 8 septembre, accompagné de son avocat Me David Koubbi. "Je suis super heureux de sortir aujourd'hui, cela va être plus facile pour moi et mes proches, pour travailler sur le dossier", a-t-il déclaré aux journalistes qui l'attendaient. L'ancien trader de la Société générale a ensuite retrouvé ses proches autour d'un café, des retrouvailles forcément émouvantes. Il reste cependant très surveillé, notamment à l'aide d'un bracelet électronique...
Condamné à cinq ans de prison dont trois ferme, Jérôme Kerviel était arrêté et écroué le 19 mai dernier à Menton après une longue marche à pied entre le Vatican et la France. Celui qui est devenu le symbole des dérives de la finance, qu'il dénonce aujourd'hui, a appris jeudi dernier l'aménagement de sa peine par la cour d'appel. Il est désormais libre... ou presque. Après avoir quitté la prison, le jeune homme de 37 an s'est rendu dans un service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) où un bracelet électronique lui a été posé à la cheville. "C'était toujours mieux que d'être fermé dans 9 m²", a souligné l'intéressé. En sortant du Spip, s'il a refusé de montrer son bracelet à la presse, Jérôme Kerviel a ajouté : "Je ne le sens même plus." L'ancien trader a ensuite retrouvé ses proches, pour un café en terrasse, dont son frère, sa compagne, le réalisateur Christophe Barratier et son comité de soutien.
De 7h30 à 20h30, du lundi au vendredi
Désormais, Jérôme Kerviel va pouvoir reprendre "une vie normale". Il a un appartement et sera employé comme consultant dans une entreprise de conseil en systèmes et logiciels informatiques où il avait déjà travaillé entre 2008 et 2010. Il a le droit de sortir de chez lui entre 7h et 20h30, du lundi au vendredi. Il jouit d'une liberté totale de mouvements les week-ends et jours fériés. Mais Jérôme Kerviel ne va pas reprendre le travail tout de suite. "Il est convenu avec l'employeur qu'il disposera de quelque temps de repos pour récupérer de l'épreuve qu'il vient de traverser", a souligné son avocat.
Ce bracelet, Jérôme Kerviel devra le porter jusqu'au 26 juin 2015, date à laquelle il pourra prétendre à une mesure de liberté conditionnelle. Mais son combat contre la Société générale continue. La question des dommages et intérêts (le montant record de 4,91 milliards d'euros a été annulé par la Cour de cassation en mars dernier) fera l'objet d'un nouveau procès devant la cour d'appel de Versailles. Outre cette question, une information judiciaire a été ouverte à Paris pour escroquerie au jugement et faux et usage de faux. Information judiciaire directement liée aux plaintes déposées par Jérôme Kerviel qui accuse la Société générale d'avoir aggravé après son départ les pertes qu'on lui a imputées. Pour Me David Koubbi, "il n'y a plus d'affaire Kerviel, il y a une affaire Société générale". La banque, elle, a porté plainte pour dénonciation calomnieuse.