Amertume, déception, incompréhension... Les mots manquent pour décrire les sentiments qui ce lundi 6 août habitaient Grégory Baugé à l'issue de sa finale de la vitesse au Vélodrome olympique.
Champion du monde en titre (son titre lui a cependant été retiré du fait de manquements aux obligations de localisation), invaincu dans le tournoi mondial, le Tricolore arrivait pour ces olympiades avec l'étiquette de favori. Mais voilà. Deux manches plus tard, son adversaire Jason Kenny, porté par un public en ébullition, mettait un terme aux rêves d'or olympique du Français...
Incompréhensible pour Grégory Baugé au mental de vainqueur qui avait toujours vaincu le Britannique dans les grands rendez-vous. Alors comment expliquer cette défaite ? "Je ne commets aucune erreur. J'ai couru comme je sais le faire. Il n'y a rien à dire", confiait plein d'amertume le cycliste. Même son de cloche chez Florian Rousseau, son entraîneur, incapable de comprendre la raison de cet échec : "Je n'ai pas d'explication. Je n'ai pas de suspicion, pas du tout. Il y a derrière ces succès beaucoup de travail, beaucoup de moyens aussi. Il va falloir se reposer, trouver les explications et, nous aussi, nous remettre en cause."
Car si les mauvaises langues laissent planer l'ombre du dopage pour expliquer la suprématie britannique sur la piste lors de ces Jeux, le principal intéressé ne veut rien y voir d'autre qu'une formidable préparation. "Les Anglais ont haussé leur niveau. Je rigolais sur le podium : c'est la même chanson qu'on entend depuis trois jours. Ça commence à... Ils savent se préparer", déclarait-il. Avant de poursuivre : "Nous, Français, ne pouvons pas sacrifier des Mondiaux. Sinon, que fait-on ? On est déjà très peu reconnus, alors si vous n'êtes pas médaillé mondial, on vous oublie. On réussit sur les Championnats du monde et, sur le plus grand rendez-vous, on est deuxièmes ! Nous sommes des Poulidor. Je n'ai rien contre 'Poupou', mais je suis né pour gagner."
Une saillie pleine d'émotions, de rage et de frustration pour Grégory Baugé, qui accepte avec difficulté cette médaille d'argent, la troisième de sa carrière, la seconde à Londres après avoir échoué en finale en équipe face... aux Britanniques. "Ce n'est pas ce que je voulais, poursuit le pistard. Cela faisait quatre ans qu'on se prépare pour cette finale. (...) Je ne les compte pas. Ce sont des médailles entre parenthèses."
Outre la frustration d'une médaille d'argent, c'est l'ambiance extraordinaire de Londres qui a marqué le finaliste malheureux : "J'étais jaloux. Il y avait un public de fou, de belles installations. Chez nous, il y a si peu de monde qui s'intéresse à la piste et au sprint."
Malgré une médaille d'argent brillamment gagnée, Grégory Baugé reste amer et déçu. Compétiteur et gagneur dans l'âme, le cycliste a bien du mal à se faire à cette défaite, qui plus est face à un adversaire à sa portée. A 27 ans, le pistard ne sait toujours pas de quoi son avenir sera fait, lui qui vient de connaître un troisième échec olympique...