Jo-Wilfried Tsonga a bien choisi son moment pour signer la deuxième victoire de sa carrière face à Roger Federer, deux ans après avoir dominé le Suisse - alors numéro un mondial - sur dur aux Masters du Canada : mercredi 29 juin 2011, le Manceau a mis fin aux espoirs de l'ancien maître de Wimbledon de reconquérir sa couronne. Dépouillé par Nadal en 2010, Federer, sous le regard de sa femme Mirka et de Pippa Middleton, doit se résigner à rentrer dans le rang : il n'est plus invincible en son jardin, et n'égalera pas (cette année du moins) le record de victoires au All England Tennis Club, détenu par Pete Sampras (7 sacres).
Il n'y a pourtant pas de quoi lui jeter la pierre : Roger a fait le boulot, et les deux premiers sets, empochés inexorablement (6-3, 7-6) et avec maestria malgré la pugnacité coutumière de Jo, ont laissé croire à un dénouement attendu. Mais l'accolade finale ne trompe pas : Federer est un grand joueur, jusque dans la défaite, quand il reconnaît la supériorité de son adversaire du jour. Supérieur, Jo-Wilfried Tsonga l'a été. Il n'aura pas marqué Wimbledon qu'en s'affichant nu dans la presse anglaise.
Le troisième set fait la bascule, imperceptiblement : 6-4 pour le Froggy, 19e joueur à l'ATP. Imperceptible, mais décisif : le capital confiance démultiplie la fougue et la réussite de Jo. Enchaînant les torpilles de fond de court derrière un service à faire mal à la tête, véritable mur à la volée, l'histoire est en train de s'écrire. A l'orée du cinquième set, un break d'entrée. La messe est presque dite ; Federer ne s'en remettra pas. En un peu plus de trois heures de jeu, après avoir renversé la tendance (jamais Federer n'avait perdu en Grand Chelem après le gain des deux premiers sets) pour le plus grand plaisir des spectateurs du court central, Tsonga, à genoux et bouleversé, arrache avec panache son billet pour les demi-finales, 3-6, 6-7, 6-4, 6-4, 6-4.
Toujours en quête d'un trophée depuis Tokyo 2009, et après ses finales en 2011 à Rotterdam et au Queen's en préambule à Wimbledon, où il fut quart-de-finaliste en 2010, Tsonga, qui semble tirer le meilleur partie de la révolution mise en branle dans sa carrière, affrontera au prochain tour Novak Djokovic, l'homme à battre de cette première partie de saison. Pour un nouvel exploit ?