John McEnroe : "Un peu moins farouche et goujat qu'avant, mais McEnroe quand même !"
Publié le 6 septembre 2010 à 15:48
Par Guillaume J.
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement ! Juin 2010 : il rejoue à Wimbledon la fameuse "scène" de 1981 ! John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement ! Juin 2010 : il rejoue à Wimbledon la fameuse "scène" de 1981 !© Abaca
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement ! (photo : avec sa femme Patty)
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
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John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
John McEnroe : un sale gamin qui risque bien de ne jamais changer, sérieusement !
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"Il aurait voulu devenir une rock star, jouer de la guitare comme Jimi Hendrix, réussir sa reconversion comme Yannick Noah ; il n'est qu'un chauffeur de salles avec une raquette, cramponné à cet instrument à cordes qui le renvoie à des douleurs silencieuses" : le quotidien suisse Le Matin, faute de voir l'intéressé faire publiquement son auto-analyse, tentait il y a quelques heures un portrait "up-to-date" de John McEnroe.

Au-delà de l'intérêt purement littéraire de ce croquis croqué à distance, mené tambour battant par le journaliste Christian Despont dans une montée au filet stylistique de haute volée, l'article intitulé "John McEnroe, victime de l'amour" (à déguster en intégralité en cliquant ici) a le mérite de jouer le contre-pied.

Pour le coup, il ne s'agit pas de l'amour qu'il partage avec la rockeuse Patty Smyth, son épouse depuis 1997, et mère de leurs deux filles Anna et Ava - venues s'ajouter aux quatre enfants précédents (trois pour John, nés de sa relation avec Tatum O'Neal, et Ruby, fille de Patty). Il s'agit de l'amour inexpugnable, "viscéral", et quasi-masochiste du tennis. "John voudrait enfin prendre du plaisir à jouer. Il aimerait piquer un fou rire et marquer le point suivant. Ce n'est jamais arrivé dans sa carrière", décrypte Mansour Bahrami. Quant à Henri Leconte, il accrédite la thèse d'un éternel enfant terrible : "John n'a pas changé : c'est toujours un sale gamin. Il faut le voir arriver dans le salon des joueurs, la tête basse, sans dire bonjour. Comme souvent les génies, John est quelqu'un de très peu sûr de lui, et d'une timidité sévère qui le rend agressif."

Il aurait voulu, rappelle Le Matin, "réussir dans un autre domaine, quelque chose de plus important comme la politique, mais les temps ne sont pas faciles, et il y a mon caractère". Ce même caractère qui, pour une large mesure fait, que chacune de ses apparitions sur un court attire les foules : depuis le fameux You cannot be serious colérique et orageux de Wimbledon 1981, Big Mac n'a pas cessé de cultiver la détestation outrageuse de la défaite, mais a également appris à jouer avec ses nerfs, et à jouer de sa propre mythologie. Dernièrement, le public a pu se délecter de ses facéties et de ses éclats, associé à Martina Hingis (une autre... caractérielle) en préambule à Wimbledon, picolant sur le court avec un Ivanisevic complice, ou encore au sein d'un casting de choc pour la présentation Nike en mise en bouche de l'US Open.

L'US Open, tournoi qu'il s'adjugea à quatre reprises, il s'y donne à corps perdu en tant que consultant. Et sur ce point, la reconversion semble réussie, Christian Despont louant son savoir-faire en ces termes :

"Quand tous les oracles des grands-messes cathodiques (Mats Wilander, Brad Gilbert, Jim Courier) mangent à la cantine des journalistes, ou traînent dans les couloirs, lui fuit les assauts de civilités et les bâfrées entre collègues. Mange-t-il seulement? "Big Mac" prend l'antenne à midi, cravate pile à l'heure, et quitte rarement le stade avant minuit, la chemise fatiguée.
Il jaillit de sa cabine avec le regard rectiligne, droit dans ses bottes, et envoie valdinguer la porte comme une sortie de saloon. A 51 ans, lui qui a toujours méprisé les journalistes est devenu l'un des meilleurs d'entre eux, sans jamais renier ses sentiments. Il y met du savoir, de l'empathie, une dose salutaire de mauvaise foi; il n'arrête pas de causer et, là, sur son faciès ombrageux, un sourire menace. "John semble revivre la dramaturgie de ses propres matches, et les contempler du haut de son piédestal", s'attendrit Tracy Austin, collègue et presque amie."

Certes, ce n'est pas une reconversion à la Noah. Il ne remplit pas les stades grâce à ses qualités de musicien, même si celles-ci sont bien réelles - il joua notamment avec le fameux bassiste de Queen John Deacon en 1983 (sans suites...) ; récemment, les Parisiens ont pu l'adorer au côté de la révélation Hangar au Bus Palladium. Avec Noah, il partage en revanche la vue sur Central Park, occupant avec Patty et leur six enfants les quatre derniers étages d'un immeuble de Manhattan.

Le portrait proposé par Christian Despont, aussi savoureux soit-il, confesse spontanément son incapacité à proposer une image neuve de Big Mac, puisqu'il n'a pas changé. D'où la tautologie essentielle : "McEnroe ne fait pas du McEnroe. Il est McEnroe, un peu moins farouche et goujat qu'avant, mais McEnroe quand même".

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