Johnny Depp est en guerre contre les anciens gestionnaires de sa fortune et ses anciens managers, les frères Robert et Joel Mandel de la société The Management Group (TMG). En janvier, le pirate portait plainte contre eux pour négligence, fraude, enrichissement et rupture de contrat financier et leur réclame 25 millions de dommages et intérêts. La réponse de TMG est une plainte de 31 pages expliquant que l'acteur a causé sa propre perte financière.
En mai 2017, le clan Depp a réussi faire "déclassifier la déposition de Janine Rayburn", une ancienne employée de TMG qui prétend avoir été contrainte à "commettre des actes inappropriés sur les comptes de Depp". La réponse du clan Mandel est argumentée et cruelle, traitant l'intéressée de "menteuse en série". La justice va devoir se pencher sur ce lourd dossier et pourrait rendre une décision en janvier 2018.
On se souvient des révélations dans la plainte de TMG sur les dépenses extravagantes de Johnny Depp, mais aussi des témoignages de quelques témoins qui en disaient long sur son comportement, notamment auprès de son ex-femme Amber Heard. Dans son nouveau numéro, Vanity Fair essaie de comprendre comment celui qui fut longtemps l'acteur le mieux payé d'Hollywood (c'est, en 2017, Mark Wahlberg) a pu courir à sa perte financière ?
Pour notre confrère Mark Seal, 2003 est une première date clé. Avec le premier volet de la franchise Pirates des Caraïbes, Johnny Depp change de statut et l'argent désormais coule à flot. D'autant que plusieurs volets du film suivront avec tout autant de succès. Comme son idole Marlon Brando, il se met en tête d'acheter une île déserte. Ce sera Little Hall's Pond Cay à 110 kilomètres de Nassau, pour 3,225 millions de dollars. Pas d'électricité, pas d'eau courante, mais six plages de sable fin et le début de la fin.
Notre confrère écrit : "Qui dit île dit yacht, la machine à dépenser par excellence. (...) Depp déniche en Turquie l'Anatolia, son prix de vente est estimé à 8,75 millions de dollars, plus 8 millions d'aménagement. (...) Les coûts de présence d'un équipage international sont évalués entre 300 000 et 400 000 dollars par mois." Rebaptisé, le Vajoliroja (contraction des prénoms de Depp, Vanessa Paradis et leurs enfants Lily-Rose et Jack) est né, sublime, dans un style décrit par l'acteur "d'Orient-Express mâtiné de bordel parisien".
Selon Vanity Fair, Mandel explique dès lors à Depp qu'il devra désormais gagner 40 millions de dollars pour financer le bateau et tout le reste. La situation s'aggrave dès 2007. Depp enchaîne les échecs au box-office et les mauvais choix. Selon la source proche de TMG de Vanity Fair, il doit maintenant gagner 60 millions de dollars par an pour subvenir à ses besoins. Dans un mail daté de 2009 et diffusé par TMG lors d'une audience préliminaire en juin, l'acteur se montre très au courant de la situation : "Sache que je vais commencer The Tourist qui devrait me rapporter 20 millions, écrit-il à Joel Mandel. J'enchaîne pratiquement sur Pirates 4, pour 35 millions, et ensuite Dark Shadows pour 20 millions. Qu'est-ce que je peux faire de plus ??? Tu veux que je vende des tableaux ??? Je vais le faire. Tu veux que je vende autre chose ???? D'accord... quoi ??? (...) Il me reste un semblant d'âme. Par où veux-tu que je commence ????"
Il me reste un semblant d'âme. Par où veux-tu que je commence ????
Octobre 2012, une première réunion de crise est organisée. Pour sauver Johnny Depp de la faillite, TMG lui prête 5 millions de dollars. Le yacht est sacrifié et enfin vendu (il appartiendrait à J.K. Rowling aujourd'hui). Mandel monte une cellule de surveillance des dépenses de son client, les infos qui remontent à lui sont hallucinantes comme cette promesse d'achat des archives de l'écrivain Nick Tosches pour 1,2 million de dollars et visiblement signée du sang de l'acteur...
Fin 2016, les finances de l'acteur sont au plus mal. Il vient de se séparer de TMG et étudie la situation avec son nouveau manager, Ed White, et l'avocat Adam Waldman. Johnny Depp ne comprend pas comment il a pu en arriver là. Il demande à Waldman de se pencher sur son dossier. En janvier 2017, constatant des malversations, il conseille à l'acteur d'attaquer TMG et les frères Mandel... Comment un homme qui a gagné 650 millions de dollars en dix-sept ans de gestion par TMG peut-être se retrouver sans le sou ? À la justice de répondre.
Retour sur cette incroyable saga dans Vanity Fair, en kiosques ce 23 août 2017.